mercredi 19 octobre 2016

La peur du prof de maths

Bonjour, 

C'est la dernière journée de classe pour cette première période de l'année scolaire. Est-ce que ça s'est bien passé ? Est-ce que vous avez trouvé vos repères ? Est-ce que vous vous sentez bien en classe et avec vos enseignants ?

Cette année, je suis pour la première fois "prof de maths". Au Collège de la Tour d'Auvergne, à 7km de Bagnols (63810) où nous nous sommes installés avec ma famille cet été. 

Je suis "prof de maths" et je me rends compte comme ça peut être difficile pour un élève de se sentir bien en classe et avec son prof. Plein de bonnes intentions, j'aimerais pouvoir proposer aux élèves de faire preuve d'autonomie... dans un cadre quand même très contraint :

- l'espace : la salle de classe
- les horaires imposés
- la matière imposée : les maths

Avec ce que je découvre depuis plusieurs semaines du "manque de nature" des enfants et des jeunes, j'aurais presque envie de les emmener se promener au bord du lac de la Tour d'Auvergne. Profiter de la nature. Ce que j'ai fait, d'ailleurs, avec un groupe d'enfants de maternelle du village pour les TAP "Temps d'activités périscolaires". Je leur apprends quelques mots d'anglais, mais dans l'herbe du jardin d'enfants plutôt que dans une salle de classe dédiée...

En prépa, c'est encore autre chose. La pression est là. Le rythme est intense. Le programme, le concours à venir, la compétition pour les écoles, l'ambition des élèves, celle de leurs parents. Les rêves de Polytechnique, Centrale ou Sup'Aéro... HEC, Essec ou autres Ecoles Normales. 

Pas le droit à l'erreur, pas le droit au doute. 

Comment fait-on, dans ce cas, si la pédagogie du prof de maths - ou sa personnalité - ne nous convient pas ? Comment fait-on s'il nous a pris en grippe ? 

La plupart des élèves ont également eu pour moteur de faire plaisir à leurs enseignants et à leurs parents pour réussir leurs études au lycée et au collège.

Les bonnes notes, les bons bulletins, ça peut être lié au plaisir d'apprendre, mais pour arriver en classes prépas, ça va au-delà. C'est le goût de l'effort, le goût ou le besoin vital du "travail bien fait". 

Quand les mauvaises notes des classes prépas arrivent, c'est toute une construction de l'image de soi qui peut se retrouver mise en question. 

Comme je le disais dans mon précédent article, moi, ce n'est même pas le prof de maths qui m'a posé des difficultés. Je me suis simplement demandé pourquoi je passais autant de temps à faire des maths. Pour moi, ça n'avait pas de sens. Tout m'intéresse. Aujourd'hui encore, je suis incapable de me concentrer sur un seul sujet. Je préfère changer de métier chaque année ou mieux encore, avoir plusieurs métiers à la fois. 

En prépa, c'est très valorisé de pouvoir se concentrer sur les trois matières aux plus gros coefficients presque 100 % de son temps. Moi j'ai continué d'avoir besoin de lire sur d'autres sujets, d'aller au cinéma. Je me suis senti mieux quand j'ai remis du sport dans mon emploi du temps, que ce soit pour aller courir quand le stress était trop intense, ou mieux, pour retrouver les autres élèves pour un foot le samedi après-midi après le DS du matin à Lakanal.

En première année, le prof de maths nous avait expliqué que les 2h de sport dans l'emploi du temps, ce n'était ni nécessaire ni utile. Dommage. 

Dans les accompagnements que j'ai pu assurer, j'ai régulièrement proposé à des élèves doués - vous savez "ceux qui ne travaillaient pas au lycée", c'est-à-dire pas tellement plus que les 35h qu'ils passaient en classe par semaine... - de reprendre une activité artistique ou sportive pour retrouver leur équilibre. 

Un élève doué a besoin de grands espaces de "respiration" pour que son cerveau se ressource. Pour remettre ses idées en place. En prépas, ça peut passer pour de la paresse, de la procrastination, une perte de temps. 

En fait, non. 

"Respirer" pour un élève doué, c'est indispensable. 

Je reviens au sujet de mon article, sur la relation avec le prof de maths. Comment ça se passe pour vous ?

Est-ce que votre prof vous inspire ?
Est-ce que votre prof vous donne envie de vous dépasser ?

Est-ce qu'au contraire, vous vous mettez à avoir peur de lui/elle ? 
Est-ce que vous n'osez plus poser de question en classe ?
Est-ce que vous avez peur quand vous avez colle avec votre enseignant ?

A un certain moment, j'avais au moins un élève issu d'une certaine classe de MPSI d'un lycée parisien au sujet des maths. J'en étais venu à me dire que je pourrais avoir une cartographie des professeurs en fonction des difficultés qu'ils posent à leurs élèves...

Pour la 5/2 - heureusement, c'était la 5/2 - j'avais l'impression d'avoir un enseignant "Artiste". Il résolvait des problèmes de mathématiques comme on pourrait l'imaginer à l'école normale ou dans une grande université. J'avais le sentiment que ça me passait très largement au-dessus.

A l'inverse, j'ai déjà parlé dans ce blog des enseignants de SI et de physique de Lakanal qui vraiment nous "portaient" vers les concours. La comparaison avait été frappante avec l'année précédente où dans les difficultés que je vivais en queue de classe, j'avais l'impression d'être simplement laissé à mon triste sort, sans la moindre tentative ou tentation, de mes enseignants, de me donner les clés pour  m'en sortir (à défaut de réussir...)

Enfin, il y a les profs cassants, ceux qu'on n'imagine plus aujourd'hui et qui continuent à "sévir". Des profs qui n'ont plus leur place nulle part que dans ce système qui se révèle dans leurs classes "archaïque" et inadapté. 

J'ai vu passer un article de prépas.org sur les prix Nobel et les écoles. Ils signalaient que les prix nobel étaient plus nombreux à l'école normale. C'est oublier de comparer simplement avec nos voisins pour voir qu'il y en a beaucoup plus dans les écoles Polytechnique de Lausanne et de Zurich que chez nous, avec nos classes prépas ne laissant pas de place à la créativité et à l'audace. C'est l'exemple que citait Albert Jacquard il y a déjà 15 ans pour nous amener à penser à d'autres modèles d'éducation.

Avant de changer de modèle, vous faites de votre mieux pour réussir dans celui-ci. Je vous souhaite bon courage et bonnes vacances !

Gabriel Brabant
Coach pour les Classes Prépas
Confiance en soi / Motivation / Réussite 

06 33 85 53 27


vendredi 14 octobre 2016

How are you ?

Bonjour, 

En première année de prépa, au lycée Pothier, à Orléans, en 1997, j'ai commencé l'année sur les chapeaux de roue. Je me souviens de l'application que j'ai mis à travailler dès les premiers jours dans la classe de MPSI 2 de Damien Millet "les Maths, c'est beau".

Je me souviens de ses premiers conseils 
Votre salut passe par la connaissance du cours... et par la recherche des exercices

J'ai travaillé régulièrement. Je me souviens des premiers mercredi après-midi passés entièrement à tout apprendre. 

Même les premiers devoirs sont sont plutôt bien passés. J'étais 16e de la classe. Je dis "plutôt bien" parce que je ne m'en suis rendu compte que beaucoup plus tard, pendant l'année de sup où c'est devenu plus difficile de me mettre au travail les résultats ont un peu baissé. Lors de mon entrée "ric rac" en spé étoile, avec le même niveau d'engagement et de travail, je me suis mis à avoir 4,5/20 et à me retrouver parmi les 10 derniers de la classe. 

C'est seulement beaucoup plus tard, quand je me suis mis à repenser à cette période de ma vie et à témoigner pour d'autres, que je me suis rendu compte que 16e de la classe, c'était plus que "plutôt bien". A l'époque, je me souviens seulement que je n'avais pas la "moyenne". Je n'avais pas "10/20" et ça ne m'étais jamais arrivé. La moyenne de la classe, de l'ordre de 8,5/20 aurait dû me mettre la puce à l'oreille. 

Mais quand on est exigeant avec soi-même comme je le suis ou je l'étais, les autres, ça ne compte pas vraiment. Sauf quand ils passent devant peut-être. Quand il y en a 40 devant, comme c'est devenu le cas en spé PSI* l'année suivante. 

Par contre, c'est toutes ces années plus tard seulement, que j'invite les personnes que j'accompagne, et rétrospectivement l'élève que j'étais, à ne plus seulement regarder les élèves devant soi mais également ceux qui sont derrière. 

Quand j'ai formulé que "j'étais dans les 10 derniers" c'est ma nouvelle formulation. A l'époque je ne voyais que les 40 qui étaient devant. Même en sup, même 16e, ce que j'ai commencé par voir, ce sont les 15 qui étaient devant moi. 

Et encore, je n'ai pas l'esprit de compétition très développé donc ce n'est même pas ce qui me gênait. Ce qui me gênait c'est que si je n'avais pas la moyenne, alors c'était que probablement, je n'avais pas "bien travaillé". Soit pas bien, soit pas assez. Dans tous les cas, il fallait faire "plus" ou faire "mieux". Voire même, il fallait être différent : il aurait fallu être plus intelligent ou avoir choisi une filière d'étude mieux adaptée à mes - petites ? - capacités intellectuelles ou de travail. 

En fait, ce ressenti négatif était amplifié par les commentaires des professeurs. Des commentaires classiques et "généralisant" pour toute la classe : "Vous ne travaillez pas assez". Ma fille de huit ans a vécu de la même manière les commentaires de son institutrice de CE1 l'année dernière. Des commentaires qui s'adressent aux autres, parce qu'ils sont adressés à toute la classe dans son ensemble, touche bien plus les élèves consciencieux qui font déjà le nécessaire, que ceux, déjà un peu indifférents, qui pourraient peut-être se sentir visés. 


Je me souviens de cette rentrée de sup qui s'était plutôt bien passée. L'année précédente j'étais parti à la Toussaint en Irlande avec l'échange du lycée pour la ville de Newry et j'ai choisi, en maths sup, d'y retourner avec ma soeur dans ma famille d'accueil.

La veille du retour, à la fin de la journée, dans une scène que je revois au soleil couchant sur la campagne verte et rocailleuse de l'Irlande, je me suis demandé ce que je faisais de ma vie à faire autant de maths. 

Cette question ne m'a plus jamais quittée. J'ai lutté contre. J'ai travaillé. J'ai insisté. J'ai fait une spé étoile. Une deuxième spé étoile. J'ai passé l'X et Polytechnique. J'ai eu 3,5 au TIPE la première année, 15,75 l'année suivante. Je me suis acharné en école d'ingénieur pour aller au bout. J'ai même travaillé pour valoriser mon diplôme... Je me pose toujours cette question de l'intérêt de passer ses journées entières à faire des maths ou de l'informatique. 

J'avoue que je n'ai toujours pas trouvé la réponse. De fait, depuis 2008, je ne travaille plus sur des machines mais avec des gens, sauf quand je fais une parenthèse pour vous écrire ces quelques lignes. 

Quelle conclusion en tirer ? 

Ne pas partir en Irlande aux vacances de la Toussaint de Sup ?
Savoir choisir une orientation qui correspond à vos envies profondes pour que les efforts que vous allez faire pendant les 2, 3, 6 prochaines années vous emmènent au bon endroit...


Sachez que je pense à vous et que je vous souhaite bon courage !

Gabriel Brabant