S'il y a une chose que je reproche aux classes prépas, c'est qu'elles m'ont débranché de moi-même. Elles m'ont fait croire que les solutions que j'allais pouvoir mettre en place pour mieux travailler, mieux comprendre, mieux apprendre, mieux retenir allaient venir de l'extérieur.
En troisième année, à Lakanal, notre professeure de Lettres appréciaient que les classes prépas nous aient permis de comprendre (à nous, petits cons suffisants) que nous ne savions pas tout. Dans la lignée socratique "je sais que je ne sais pas".
A l'époque déjà, je trouvais que c'était trop brutal si c'était au prix de notre confiance en nous.
Quelques mois plus tard, j'ai même compris que pour les "petits cons arrogants" ça faisait le phénomène inverse : un certain nombre avaient traversé la prépa sur leur nuage de réussite, finissant de se convaincre qu'ils étaient mieux que les autres.
Ce qui doutaient déjà en arrivant, qui pouvaient avoir un tempérament plus mesuré, dans l'analyse et le doute, dans la suradaptation aux attentes des autres, pouvaient avoir perdu leurs repères : je fais tout ce que je pense qu'on attend de moi, et même beaucoup plus, et pourtant j'ai 7,5/20 ?
Après des années à avoir voulu faire plaisir aux profs, aux parents, à l'adulte. A tenter de répondre à leurs attentes. Puis à s'identifier aux notes, aux résultats, aux compliments ou aux critiques...
5/20 et "vous êtes nuls" ça devient très violent.
Pour les élèves sensibles ou simplement à l'écoute, la remarque faite au groupe les concerne personnellement. "Il ne faut pas prendre les choses personnellement" diront les Accords Toltèques quand on voudra se pencher sur une forme de spiritualité pour survivre, des années plus tard, ou pour soutenir nos propres enfants dans leurs relations aux professeurs ou aux autres élèves.
Mais tout est fait en prépa, pour qu'on prenne les choses très personnellement : les notes sur les copies, les copies rendues par ordre décroissant des notes devant toute la classe, les critiques des professeurs, pas toujours sur le travail mais bien trop souvent encore sur la personne directement.
Pourquoi chaque année, tout un ensemble de professeurs expliquent que "vraiment, la promo de l'année précédente étaient mieux formée". N'est-ce pas un peu caricatural quand c'est chaque année ?
Je termine cette introduction un peu longue pour revenir sur l'essentiel de ce que je voulais partager aujourd'hui : la solution viendra de vous.
C'est ce que j'ai aimé quand j'ai découvert le coaching. Ma Coach me disait régulièrement "vous aviez la réponse à votre question avant d'entrer dans cette pièce".
Puis "pourquoi vous allez demander son avis à votre manager alors que vous venez de m'expliquer en substance que c'était un con ?"
Ca m'est revenu lors d'un échange avec une amie cette semaine. A nouveau, je tenais compte de l'avis de proches pour renoncer à des projets qui me tiennent à cœur plutôt que de me fier à mon intuition.
Retrouver sa manière à soi de travailler.
Accepter de travailler à son rythme : on ne peut pas apprendre "plus vite". On ne peut pas faire l'économie de l'apprentissage pour prendre des raccourcis.
// Enfin si, pour les concours c'est possible, c'est le rôle de certains cours privés ou de certains bouquins qui vont vous proposer le résumé de l’œuvre et les citations à connaître en 1h30 au lieu de développer une analyse personnelle d'une œuvre littéraire.
A ce titre, sachez simplement que vous ne partez pas à armes égales : certains élèves investissent des milliers d'euros pour être mieux préparés que vous pour les concours... mais aussi parfois 10 ans à l'avance dans des établissements prestigieux... auxquels s'ajoutent les séjours à l'étranger pour les langues, les stages de maths avant la prépa, pendant les vacances, avant les concours, le coach comme moi en passant, les classes virtuelles le samedi après-midi, les cours particuliers le dimanche matin...
Ne soyez pas naïfs comme nous avons pu l'être dans ma classe à Orléans, ouvrez les yeux, renseignez-vous... //
Mon message reste quand même que dans la vie, la solution viendra de vous.
Contrairement à ce que l'on peut vous laisser croire, vous n'avez pas à suivre les recettes "toutes faites" des autres.
Il ne suffit pas de travailler jusqu'à 1h du matin tous les jours pour que ça marche.
Il ne suffit pas de "ne faire que travailler tout le temps" pour que ça marche.
Il ne suffit pas de s'inscrire à la classe virtuelle du samedi après-midi pour que ça marche.
A un moment, il faut choisir ce que vous voulez.
Il faut vous donner les moyens de ce que vous voulez.
Il faut analyser les enjeux, l'état des lieux et les solutions qui s'offrent à vous et les mettre en place.
On ne peut pas tous faire Polytechnique, mais on peut tous devenir ingénieur si on le souhaite et qu'on est prêt à travailler en maths, physique, chimie et sciences de l'ingénieur.
On ne peut peut-être pas tous faire les classes prépas, mais il existe d'autres chemins.
Ces derniers jours je me sentais fatigué et je me rends compte que c'était exactement sur ce sujet : certains élèves se mettent à penser que c'est moi qui vais leur apporter la solution, que je vais prendre en charge leur mal-être, prendre sur moi leurs doutes, leur donner des réponses, de la motivation et l'assurance de la réussite.
C'est très rare, mais en février dernier j'ai refusé un coaching : j'ai refusé de "prendre en charge" un élève qui avait clairement exprimé pendant la première séance qu'il ne ferait pas sa part du travail.
Pour ceux qui me lisent, je l'écris ici : n'ayez pas peur de mettre en place vos propres stratégies, vos propres méthodes, votre manière à vous de travailler et d'apprendre.
Pour ceux que j'aurai au téléphone dans les prochaines semaines, je pense que je leur redirai : la solution viendra de vous.
C'est ce que j'aime beaucoup dans la posture du coach professionnel : on ne fait rien à la place de nos coaché(e)s.
Je me rends compte que j'ai besoin d'aller un cran plus loin : je ne prends pas non plus la responsabilité de votre motivation, de votre confiance en vous, de votre énergie et de la recherche des solutions à votre place.
Je vous accompagne pour le faire. Je reste à ma place.
Et c'est tellement mieux.
Bonne journée !