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TÉMOIGNAGES - Si c’était à refaire, les anciens élèves de prépa y remettraient-ils les pieds?...
«Soit tu survis et ça te grandit, soit tu es détruit psychologiquement». Michael a eu de la chance, il est tombé du bon côté. Sept ans d’études «comme dans du beurre», de la confiance en soi et de l’efficacité à revendre. Mais de l’épreuve «militaire» de la classe préparatoire, il ne garde qu’un mauvais goût. Celui d’une «sélection élitiste trop risquée». A l’encontre du récent sondage qui avance 75 % d’anciens élèves satisfaits. Prépa économique et commerciale pour Michael, juridique pour Basile, littéraire pour Thibaud et scientifique pour Mathieu, le refrain tourne en boucle, celui de la «routine» destructrice des classes préparatoires.«Tu fais de la merde, t’es nul»
Certains parlent de «maturité». Thibaud, survivant d’hypokhâgne-khâgne, préfère le terme de «repli sur soi malsain». Un «microcosme» également reconnu par Basile en prépa éco et droit. «Rester deux ans enfermé dans une classe avec les mêmes personnes n’aide pas tellement à s’épanouir et à comprendre le monde extérieur», décrit-il. Seule chance de décor, avoir un beau sous-main sur son bureau, celui où Thibaud a joué à «consommer le plus grand volume de livres possible dans le temps imparti». Avec en face, des professeurs qui infusent à leur auditoire le goût de l’excellence. Les «Tu fais de la merde, t’es nul» entendus ou ressentis à force d’enchaîner les 5/20.«Soit on capte cette pression et c’est la dépression, soit on la rejette complètement et l’avis d’autrui n’importe plus, ce qui est un handicap pour plus tard», analyse froidement Michael, ancien de «Maths sup-maths spé». Les jeunes frais émoulus du lycée découvrent leurs «propres limites intellectuelles» et rapidement, leurs bornes physiques.
«Mon corps m’a dit d’arrêter d’y aller»
Une apologie du «dolorisme scolaire», comme la définit Thibaud, qui fait plus de mal à certains. Plusieurs filles de la classe de Basile carburaient au Guronsan, un antifatigue, pratique déjà observée chez les bacheliers. Des collègues de Michael tombaient dans les anxiolytiques, l’alcool ou pire. «J’ai assisté à une double tentative de suicide suivi de l’internement psychiatrique d’un ami, raconte cet internaute. 18/20 au bac, mais il ne supportait pas le bachotage.»Lui, dormait cinq heures par nuit et regardait ses amis lâcher. «Mon corps m’a dit d’arrêter d’y aller», lui aurait soufflé l’un d’entre eux. Mais Michael a continué, conspuant, l’«archaïsme élitiste» mais content d’avoir pu en tirer sa réussite de physicien.
«J’ai déconseillé la prépa à mes frères et mes proches»
Une raison suffisante pour y aller? «J’ai déconseillé la prépa à mes frères et mes proches, admet Michael. Elle induit trop de souffrance pour ceux qui sont en bas de l’échelle sociale.» Sans obligation de tenir ses promesses. «Hormis dans les grandes prépas "parisiennes" qui vous emmènent dans les meilleures écoles, la majorité des prépas "de province" vous conduisent dans des cursus qui font également une partie de leur recrutement dans les IUT, les BTS ou les Universités. "Pourquoi celui-ci a t-il intégré la même école que moi en faisant un simple IUT alors que moi j’ai trimé en prépa? "» rapporte-t-il du sentiment d’injustice qui domine parfois. Et qui n’aide pas les étudiants à regagner des points de confiance en eux.J'ai bien aimé cet article qui répond aux dizaines d'autres pour dire que la prépa "ce n'est pas si pire".
En fait, en lisant ces lignes, j'ai l'impression que ça répond, en quelques sortes, à mon article de lundi Conseiller les classes prépas à ses enfants ?
Pour moi, les classes prépas, de manière générale, c'est très bien. Mais pour certains, c'est synonyme de souffrance, de perte de confiance en soi. Parfois de dépression.
Pour ceux-là, peu de solutions de sorties : il faudrait soi-disant "s'accrocher", "tenir bon", "travailler plus"... Le discours tenu par les profs de prépas, c'est souvent "hors de la prépa, point de salut".
C'est probablement tout l'ensemble de notre système éducatif qu'il faut repenser. Albert Jacquard avait très bien témoigné à ce sujet lors d'une conférence à Télécom Bretagne vers 2000 - 2001. Il expliquait que notre système d'éducation scientifique ne pousse pas à la créativité, contrairement à d'autres modèles comme les écoles polytechniques de Lausanne et Zurich. Il comparait le nombre de Prix Nobel : 2 ou 3 pour des chercheurs issus de l'X contre 25 en Suisse.
De mon côté, je ne sais pas si je retrouverai un jour la confiance en moi que j'avais avant les classes prépas.
J'ai traversé le collège et le lycée comme des périodes où j'ai travaillé régulièrement, sérieusement, mais avec toujours de grandes gratifications et des résultats satisfaisants. En classe prépa, j'avais l'impression de ne jamais "faire assez", "travailler assez"... même après avoir été admissible à Normale Sup en 5/2 (3e année).
L'année suivante, je rencontrais encore des parents de copains d'école pour m'expliquer que "Telecom Bretagne c'était pas terrible..."
Aujourd'hui, je remets en perspective. J'accompagne des étudiants qui ont des difficultés à atteindre des écoles moins prestigieuses, du mal à passer en 2e année... j'accompagne aussi des professionnels qui ont travaillé 10 ans sans avoir validé leur Bac pro...
C'est évidemment plus prestigieux d'accompagner les Directeurs de grandes sociétés de Télécom qui gagnent 300 000 euros par an. Je n'y trouve pas forcément plus de plaisir. Eux-mêmes ne paraissent pas toujours très à l'aise quand leur poste est remis en question par les grandes restructurations qui impactent les multinationales ces dernières années.
Et vous, qu'en pensez-vous ?
Bon week-end,