samedi 30 mars 2019

Pourquoi, si j'étais vous, je ne ferais pas les classes prépas


Bonjour,

Aujourd'hui, dans le cadre du Sommet de la Conscience, Ludovic Bréant disait que pour savoir si l'on était dans son projet de vie, il fallait "imaginer avoir 1 milliard d'euros et confiance en soi" et voir ce que l'on changerait dans nos choix d'activités professionnelles.

Ce soir, en y repensant, je me suis dis que je diffuserais aux 80 000 personnes qui prévoient de faire les classes prépas l'année prochaine, un livre pour leur expliquer "Pourquoi, si j'étais vous, je ne ferais pas les classes prépas".  

Je n'ai pas 1 milliard d'euros et je n'ai pas besoin d'un livre pour témoigner. Les quelques lignes qui suivent suffiront. 

Pour moi, les classes prépas n'ont plus aucun sens. Elles illustrent même le non-sens que l'on peut percevoir à tout moment dans notre société. Les bullshit jobs. Les déclarations dans lesquelles on commence à trouver un peu de sens en inversant les mots qui ont été dits... "l'école de la défiance", "Tout ce que je fais, je le fais pour moi", "Moi je connais des policiers, des gendarmes qui ont attaqué des gilets jaunes."

Les classes prépas, si les élèves qui y entrent n'étaient pas soumis depuis 10 ans à l'autorité de l'institution scolaire de leur plein gré, ils n'y resteraient pas une semaine. 

Aucun élève des cursus anglo-saxon, à mon avis, ne resterait une semaine dans ces systèmes coercitifs et absurdes que sont les classes prépas. 

Chaque année, j'ai au téléphone des élèves brillants qui se trouvent en difficulté : 
  • à cause du rythme qui ne leur convient pas
  • à cause de remarques des professeurs ou de notes basses qui leur posent des difficultés émotionnelles puis des problèmes de motivation et/ou de découragement
  • parce qu'ils n'ont pas le temps d'étudier les sujets de la manière qui leur convient
  • parce que le bachotage chaque semaine pour réussir la colle de maths est parfois contre-productif pour un apprentissage de qualité des cours proposés
Les élèves perfectionnistes se trouvent confrontés au manque de temps et au rythme imposé qui leur empêche d'entrer à fond dans le sujet. Ce qui leur a permis jusque là de réussir devient un handicap pour aller vite, aller à l'essentiel, survoler de très nombreux sujets dans un temps très court. 

Rien n'est fait pour leur permettre de prendre conscience que c'est ce qui est en train de les décourager. Le discours qui est tenu, c'est que s'ils n'arrivent pas à suivre, c'est qu'il ne sont pas assez intelligents, pas assez efficace, pas si bons que ça, peut-être pas faits pour la prépa. 

De la même manière, les élèves surdoués ou hauts potentiels n'ont plus l'espace nécessaire pour le bon fonctionnement de leur cerveau. Là où leurs parents avaient l'impression qu'ils ne faisaient pas grand chose au lycée, je peux relayer ici de nombreux témoignages montrant : 
  1. qu'ils étaient très attentifs et ultra performants en classe
  2. que le temps de distractions, de pratique sportive ou artistique ou simplement de détente tous les soirs est indispensable au bon fonctionnement et à la performance de leurs cerveaux plus intuitifs et créatifs que purement rationnels et logiques. 
Ces élèves sont parfois en grande souffrance parce qu'une grande partie d'entre-eux est également sensible. Pas sensible, au sens où on l'entend en prépa qu'ils ne seraient pas assez forts, pas assez compétitifs, mais sensibles au sens où ils sont capables de sentir de nombreuses choses, qu'ils ont tous les sens en alerte, qu'ils peuvent également s'épuiser s'ils sont sur-sollicités - ce qui est régulièrement le cas. 

Les surdoués et sensibles sont sur-stimulés et épuisés par les cours incessants, les apprentissages incessants, les évaluations incessantes également et les remarques - qu'elles soient formulées directement à leur adresse ou simplement à d'autres élèves de la classe. 

Là où les normaux pensants - c'est la manière des psychologues experts de la douance et des surdoués ou hauts potentiels parlent des gens normaux - peuvent se contenter de "laisser glisser" un élève sensible se sentira touché par des remarques désobligeantes mêmes adressées à un autre élève que lui. C'est l'empathie - comprendre ce que peut ressentir l'autre - poussée jusqu'à la sympathie : ressentir l'émotion de l'autre.

De grandes campagnes sur les violences éducatives ordinaires sont menées. On commence à prendre conscience que l'enfant qui est témoin de violences sur un autre enfant peut être autant touché et traumatisé que l'enfant qui subit directement les violences. 

En prépa, on dira : "il faut te blinder". "N'écoute pas". "Il faut prendre du recul". Un peu plus tard, on glissera un message de culpabilité ou d'interrogation de l'adéquation : "tu n'es peut-être pas fait pour la prépa" ou "la prépa n'est peut-être pas faite pour toi". 

Ces temps-ci, j'ai tendance à dire que la prépa n'est faite pour personne. Mêmes les élèves arrogants et imbus d'eux-mêmes - dont on pourrait penser qu'ils sont à l'abri de la remise en cause qui peut prendre place en prépas - rencontrent deux écueils plus graves l'un que l'autre. Soient ils rencontrent un "mur" et comme leur arrogance cache assez mal une importante faille interne, ils peuvent s'écrouler et sombrer dans la dépression... soit pire encore, la pseudo "réussite" en prépa nourrit cette arrogance et finit de les couper de leurs camarades de classe. Ils finissent par se retrouver encore plus seuls et nourrissent une forme de complexe de supériorité qui les désert. 

Pour les élèves sensibles, les classes prépas n'ont aucun sens. C'est une aberration du début jusqu'à la fin. Ça n'a aucun sens pour eux d'entendre les professeurs leur dire qu'ils sont "l'élite" le lundi de la rentrée et leur expliquer qu'ils sont "nuls", qu'il "est temps de se mettre au travail", que c'est "catastrophique", qu'ils n'ont "jamais vu d'aussi mauvais résultats" lors de la correction des devoirs trois semaines plus tard.

A titre individuel, c'est encore pire, que ce soit par le retour des copies par ordre croissant ou décroissant et les notes qui sont de toutes façons entre 3,5 et 9 pour la plupart des élèves, avec une moyenne de classe à 8 alors que le référentiel l'année précédente, c'était à minima 14 et le plus souvent la mention très bien au bac et pourquoi pas, 20/20 à l'épreuve de maths. 

A cela s'ajoute des remarques d'un professeur qui a une certaine aura et une certaine influence et qui ne se prive pas de dire "jusque là, ce que vous avez fait ce n'était pas des maths" ou "les dissertations que l'on fait au lycée, ce ne sont pas vraiment des dissertations". 


Moi, je crois qu'un jeune adulte de 17 ou 18 ans bien dans sa peau et pas formaté les 10 années de scolarité qui précèdent se contenterait de les envoyer chier. 

En toute simplicité. Il pourrait leur dire également qu'ils aillent se faire voir. Qu'il n'est pas arrivé jusque là pour voir ses camarades de classe humiliés, qu'il n'a pas l'intention de bosser toutes les semaines des programmes de colle pour apprendre par cœur des démonstrations de théorèmes dont il ne se souviendra plus le lendemain et dont il ne se resservira jamais, ni en école de commerce, ni même en école d'ingénieur ! et à aucun moment dans sa vie professionnelle sauf à basculer à l'université pour devenir enseignant en mathématiques, justement !

Il faut prendre conscience que les écoles d'ingénieurs font le même travail de sappe avec les classe prépas que les profs des classes prépas avec les années lycées. Les programmes des écoles d'ingénieurs ne sont en rien reliés avec les programmes des classes prépas qui permettent d'y accéder. Alors ne parlons pas des écoles - qu'il faut désormais appeler - de management où l'on peut presque imaginer que les maths n'ont plus leur place. A moins qu'on revienne à la calculette à quatre opérations pour la comptabilité ?

Les modèles d'analyse financière tels que les calculs d'alpha, de beta, de ratio de Sharpe ou d'information sont réservés aux mathématiciens ou aux ingénieurs... On recommandera aux traders de se contenter de le utiliser...


Les classes prépas, c'est aussi l'occasion de renoncer à soi-même. 
  1. Renoncer à faire du sport. Le prof principal de 1ère année : "Il y a deux heures prévues dans l'emploi du temps pour faire du sport. Ah ah ah." De la part du prof de maths trentenaire et en léger surpoids, ce n'est pas très fin. La plupart des élèves auraient bien besoin d'1h de sport par jour, ne serait-ce que pour évacuer la pression accumulée toute la journée
  2. Renoncer à ses pratiques artistiques ou musicales. Également de très bons moyens de garder son cerveau en pleine forme pour les élèves doués et/ou sensibles. Ou tout simplement un moyen de se détendre, de souffler, d'évacuer les tensions, de se sentir bien dans son corps et dans sa tête. D'être ensuite plus efficace dans son travail
  3. Renoncer à sa vie de famille. Ne plus avoir de temps pour les repas partagés, pour les sorties en famille, pour les rencontres avec les cousins. 
  4. Renoncer à sa vie affective. Les amis qui ne sont pas en prépa "ne peuvent pas comprendre". Un ou une petit(e) ami(e) c'est difficile à concilier avec le niveau d'exigence et le temps passé à travailler tous les soirs et les week-ends.
En fait, une vie familiale, amicale ou même amoureuse est indispensable pour se sentir bien, se sentir épaulé, entouré, soutenu et garder un équilibre dans ces périodes de travail intense. 

Pour certains ça se passe très bien mais pour d'autres, choisir de tout optimiser en ayant une chambre en ville en face de la prépa où l'élève se retrouve seul, se fait un repas à la va-vite ou grignote des snacks ou des barres sucrées, tente d'optimiser à peu près tout, de la durée de son petit-déj jusqu'au temps qu'il passe sous la douche, c'est risqué. 

Quand j'ai rencontré cette situation c'était pour un élève qui vivait une situation de burn-out au bout de seulement trois semaines. Pour d'autres ça pourra prendre trois mois, mais il faut être très vigilant. Quand on m'appelle pour un coaching en situation de burn-out, ça prend souvent quelques temps aux parents de se rendre compte qu'ils sont face à une situation très grave et que non, leur fils/fille n'ira pas passer les concours dans trois semaines. Il faut parfois un an pour que l'élève retrouve un équilibre dans sa vie. 

Et ça touche les meilleurs, dans les meilleurs lycées. 
J'ai signalé dans ces pages que j'ai appris le suicide d'une étudiante de prépa au lycée Hoche de Versailles pendant cette année scolaire 2018-2019. Il n'en est fait écho nulle part. Quand on fait une recherche "suicide prépa lycée Hoche" on trouve un témoignage au fond d'un forum d'un google group de 2001 ! On trouve aussi une condamnation de l'intendante du lycée pour harcèlement qui précise qu'elle garde son poste...

Ce n'est pas possible de parler des réalités quotidiennes de la prépa. Tous les professeurs de prépa voudraient mettre fin aux témoignages qui relaient le mythe de l'enfer de la prépa. A leurs yeux, au contraire, les élèves s'auto-censurent et devraient tous choisir de faire les classes prépas : il y a de la place pour tout le monde et des places dans les écoles pour tout le monde. 

De la place pour tout le monde, oui, mais à quel prix ?

Je ne crois pas que ce soit très intéressant de passer son année scolaire à être comparé, jugé, évalué et classé en comparaison à son voisin de classe. Je ne crois pas que ce soit très intéressant d'être jugé, évalué et parfois humilié sur sa capacité à apprendre le plus de choses possibles, le plus vite possibles, dans l'ordre qu'un autre que nous aura décidé, pour répondre à des injonctions de programmes sur lesquels nous n'avons aucune prise et pour enfin être évalués lors de concours qui n'évaluent parfois en rien la capacité à raisonner, à comprendre, à prendre du recul ou tout simplement à réfléchir. 

Celui qui aura su faire des milliers d'exercices et en retenir le déroulement sera beaucoup plus efficace sur le concours Centrale que celui qui aura privilégié l'apprentissage de la réflexion. Celui qui sera rapide en rédaction et en écriture aura un avantage incroyable sur celui qui a besoin de plus de temps pour rédiger sa réponse. Celui qui saura mettre le minimum pour satisfaire le correcteur, quitte à bluffer une fois sur deux, sera également plus efficace que celui qui fera preuve d'une rédaction plus respectueuse et d'une honnêteté intellectuelle ne lui permettant pas de faire semblant qu'il a trouvé quand un manque un maillon dans son raisonnement. 

De toutes façons, pour moi, l'idée des classes prépas, c'était de devenir un excellent mathématicien, de découvrir la physique en profondeur, de pouvoir ajouter les sciences de l'ingénieur et l'informatique à mes compétences. 

De tout cela, il n'était pas question. Rapidement, les cours ne répondaient plus à la moindre question que je pouvais me poser. Tout cela était tout à fait "hors sol" et détaché de toute réalité physique, justement. Il a fallu attendre la 5/2 et un enseignant hors normes - Monsieur Pinson à Lakanal - pour pouvoir rattacher les cours de spé et la diffraction de la lumière à la couleur bleue du ciel et au soleil orange à l'horizon... et la beauté des phénomènes de moiré dans les rideaux de la classe...

J'ai accompagné un étudiant passionné de mathématiques au lycée Condorcet. La manière dont les maths étaient proposées en prépa ne lui convenait pas. Il lui fallait pouvoir faire le tour complet d'une notion avant de pouvoit l'apprendre. Il lui fallait pouvoir approfondir sur des sujets qui correspondaient parfois à la 4e année de maths à l'université. Il avait besoin de trouver du sens à ce qui lui était présenté, au-delà de "c'est au programme". "Il faut l'apprendre", "ce sera au programme de colle" ou encore "il y aura un problème sur ce sujet au DS". 

Ce besoin de faire le tour du sujet pour commencer à l'apprendre est un symptôme qui est décrit dans les livres de Béatrice Millètre sur les surdoués et les hauts potentiels. Ca peut devenir un immence problème en prépa parce que le temps que le chapitre soit fini il y a parfois déjà eu une colle, le DS arrive et on passer déjà au chapitre suivant. Il est ainsi possible de comprendre les notions une fois que les évaluations ont déjà eu lieu. Ca peut devenir une bonne nouvelle pour un étudiant qui se découragerait, de lui dire que les notions sont quand même acquises et qu'il les retrouvera plus loin sur le chemin, ne serait-ce qu'au concours, mais ça peut lui faire passer une très mauvaise année dans les comparaisons et les classements permanents... jusqu'à l'empêcher d'intégrer la classe qu'il souhaite pour la deuxième année...

Cet article est déjà particulièrement long par rapport à d'autres mais je voudrais terminer sur la perte de confiance en soi. 

C'est tout à fait possible de se dire qu'il est normal qu'un système de sélection puisse laisser des élèves sur le bord du chemin. On pourra même reporter la faute sur l'individu, sur l'élève en question, plus que sur le système : 

"C'est une chochotte"
 
C'est vrai, je suis doux, moi, dans mes mots, que je choisis soigneusement. "la prépa n'est peut-être pas faite pour lui". "Il n'est peut-être pas fait pour la prépa."

Mais ce n'est pas la réalité des discours que l'on entend : "Il est nul". "Il ne travaille pas assez". "Il n'a pas trouvé son rythme". 

Ca peut aussi être plus violent et directement adressé à l'élève : "Tu n'as pas ta place en prépa". "Tu n'as rien à faire en prépa". 

Ca peut aussi être plus insidieux et simplement venir étouffer le ressenti de l'élève sous couvert d'un conseil qui se voudrait bienveillant "Ne te pose pas de questions, bosse !"

Pour résumer, au sujet d'un élève qui aura craqué, quitté la prépa, fait une dépression ou même qui se sera suicidé, plutôt que de formuler la moindre critique sur l'instituion, plutôt que de s'interroger sur le déroulement et les circonstances qui l'auront amené à échouer et à en souffrir alors qu'il avait le niveau, les compétences, l'envie et le dossier pour être retenu en prépa, on se contentera de dire ou de ne pas dire l'évidence de ce que "mesure" et "évalue" le système : 

"C'était un faible"

Et pas si sous-entendu que ça : 

"Il n'avait rien à faire là". 
"Il ne méritait pas d'appartenir à l'élite comme nous"
 
Je ne peux pas cautionner ça. Certes, je propose de l'aide à ceux pour qui il faut trouver des solutions. Des solutions pour continuer, mais aussi l'autorisation d'arrêter si c'est ce qu'il y a de mieux à faire. 
J'ai dans les élèves que j'accompagne assez peu d'élèves qui arrêtent. J'en suis venu à me dire que pour arrêter il n'y a pas vraiment besoin de moi. 

Ce que je fais, moi, par mes questions, mon écoute, ma collecte d'informations sur ce qui se passe et comment ça se passe pour l'élève, j'arrive à réduire l'impact émotionnel. L'air de rien, j'arrive à proposer de prendre du recul. J'arrive à faire sortir de ce jeu malsain de dévalorisation qui est mis en place. 

L'élève retrouve confiance en lui. Confiance en ses capacités à travail et à réussir. Il trouve le recul nécessaire pour faire ce qu'il a à faire sans se laisser démonter, sans douter de lui-même, sans croire ce que les notes ou les classements ne disent pas de lui. 

S'il est encore temps pour vous. 
Si vous en êtes à l'étape du choix. 
Si d'autres perspectives s'offrent à vous parce que vous pouvez aller faire Polytechnique à Montréal, à Lausanne ou à Zurich...
Si d'autres options vous permettent de vous passionner de physique à l'université ou de langues en allant vivre dans le pays de vos rêves, je vous invite à le faire. 

Evitez la case "classes prépas". Offrez-vous une vie étudiante. Offrez-vous une vie "tout court". 

Mon frère nous a suggéré, à ma soeur et à moi, de faire une première S. La seule voie possible. Puis les classes prépas. Moi en maths sup, ma soeur en hpokh^gne B/L (Lettres et sciences sociales). Moi, en trois semaines je n'aimais plus ni les maths, ni la physique et je n'en ai plus jamais fait de ma vie, jusqu'à une conférence 20 ans plus tard sur la foudre que j'ai trouvée passionnante et où je me suis dit 

"C'est quand même dommage, j'adorais ça"
De son côté, ma sœur avait eu 18/20 à la dissertation du bac de français. Après deux mois de prépas "elle ne savait plus faire une dissertation".  

Le témoignage des élèves ayant intégré Normale Sup n'était pas plus rassurant : ils enviaient ceux qui étaient encore en prépa d'avoir encore un but. Eux, ne savaient plus quoi faire de leur vie et de leur temps : 

"Après la pression, la dépression".
De la même manière, j'ai sacrifié tellement de choses en vue de l'école d'ingénieurs qu'on m'avait présenté comme un eldorado extraordinaire que je crois que j'ai fait une dépression les six premiers mois à Brest, isolé sur le campus du technopôle. 

Avec 10% de filles, là où j'avais toujours pu équilibrer mes journées de prépa avec les classes de khâgne et d'hypokhâgne. A 4h30 de TGV de mes amis de l'année précédentes. A 6h de ma famille et mes amis un peu plus anciens. 

Sans compter les cours de 4h d'électronique analogique sans le moindre intérêt. Séchés par 80% de la promo, mais ce que je ne m'autorisais pas à faire. 

A l'inverse, j'ai vu des élèves admis sur titres passionnés de physique, passionnées d'électronique, continuer ainsi des apprentissages qui les nourrissent. Dans la continuité de quatre années d'université sur des sujets qu'ils sont choisis. Qu'ils ont étudiés à leur rythme. Au point qu'ils poursuivront ensuite par une thèse ou un métier dans le même domaine. 

Les élèves issus des classes prépas, eux, ont prouvé tout ce qu'ils avaient à prouver par 2 ou 3 ans de prépa. Ils ne sont en aucun cas en école pour travailler, mais pour jouir, désormais des privilèges acquis et du diplômes qui leur permettra d'évoluer vers les postes de "chef de projet" - peu importe le projet - et de "chef d'équipe" - peu importe les équipes...


Un petit clin d’œil

Pour finir, je voudrais vous parler de l'appel d'aujourd'hui, d'un père au sujet de son fils qui envisage les classes prépas. Il faudrait l'aider dans son organisation, sa motivation, 

"Il a du mal à se remotiver"
En effet, c'est "une génération qui a du mal à se positionner par rapport aux sciences. L'école ne donne plus du tout de perspectives sur l'intérêt des sciences".

Quelle tristesse.

En même temps, comment peut-on se lancer dans les classes prépas quand on n'a "pas de but précis" comme il dit.

Oh, c'était déjà largement le cas il y a 20 ans. J'avais demandé à la Toussaint, la plupart des élèves étaient là, "par hasard", "pour voir", "pour se laisser des portes ouvertes".

Mais les classes prépas, c'est tout sauf des portes ouvertes. Quand vous démarrez maths sup, vous laissez tomber médecine, avocat, pompier ou plombier. Il faut bien réfléchir avant de vouloir garder des portes ouvertes pour se retrouver ensuite à présenter exclusivement des écoles d'ingénieurs et normale sup...

Mais la batterie de mon ordi et l'heure tardive me conduisent à mettre fin à cet article. Si vous voulez me trouver pour poursuivre la conversation lors d'une séance de coaching, mon numéro est le 06 33 85 53 27. Je travaille principalement par téléphone et par skype et tous ceux qui veulent des solutions y trouvent leur compte.

J'accueille également vos questions dans les commentaires pour poursuivre cette conversation si vous le souhaitez !




mardi 26 mars 2019

Préparation des écrits des concours


Bonjour, 

C'est un moment important qui s'annonce pour tous les élèves qui vont présenter les concours cette année. 

Entre un mois et six semaines nous séparent des concours et des périodes de révisions intenses s'annoncent. 

Gestion du stress

La première chose à prendre en compte, c'est bien que cette période de révision ne serait rien sans les 18 mois ou 30 mois qui précèdent. 

Vous pouvez vous mettre dans un état de stress incroyable pour vos révisions, ça ne change rien : c'est une préparation bien plus conséquente qui vous a amené là. 

Quand je veux aller plus loin dans cette prise de recul, cette remise en perspective, j'ajoute que c'est toute votre scolarité qui pose les fondations de la préparation au concours. 

L'objectif de ces quelques remarques, c'est de permettre de réduire le stress lié à "la dernière ligne droite". 

C'est la dernière ligne droite, certes, mais vous pouvez l'aborder sereinement parce que le plus gros du travail est déjà fait. 

Organisation du travail

Vous avez entre un mois et six semaines de travail jusqu'aux écrits des concours. Les cours s'arrêteront peut-être trois semaines avant la première épreuve. Ce temps, vous souhaitez le mettre à profit pour réviser au mieux. 

Au lieu de vouoir "tout faire" je vous invite à prendre le temps de faire la liste de tout ce qui serait important pour vous et de classifier entre les *, ** et ***. Ensuite, vous répartirez ce qui est le plus important pour vous au fur et à mesure des jours disponibles - pour à peu près un tiers du temps disponible pour travailler ce jour-là. 

C'est ce que vous vous fixerez d'avoir impérativement fait ce jour-là. Le reste sera facultatif. Ainsi, vous avez fixé vos priorités : à la fin de la période de révisions, vous aurez l'assurance d'avoir fait ce qui est vraiment indispensable à vos yeux.

Chaque jour, vous aurez en tête l'indispensable, le plus important, l'impératif... et vous aurez quand même les deux-tiers du temps disponible pour choisir de faire ce que votre intuition ou votre envie du moment vous dictera.

 

Par quoi je commence ?

Le plus difficile, pendant les périodes de révisions ou de vacances, c'est de savoir par quoi on commence. C'est assez normal puisque l'on voudrait tout faire en même temps, revoir les cours mais aussi chercher les exercices. Faire la physique mais aussi les maths. Travailler l'éco mais aussi la culture générale. Revoir les lettres mais aussi la philo. 

Ce que je voudrais vous proposer, c'est de commencer par l'exercice précédent, qui consiste à identifier ce qui doit impérativement être fait à la fin de la période de révisions et de le répartir sur les journées disponibles. 

Ensuite, à l'échelle de la journée ou de la demi-journée, vous pouvez vous sentir beaucoup plus libre de faire ce que vous voulez. Suivre votre envie ou votre intuition. 

Vous pouvez démarrer chaque matin par ce qui est indispensable, le *** que vous avez identifié pour ce jour-là ou au contraire, savoir que vous avez largement le temps de le faire dans la journée (c'est prévu pour 1/3 du temps) et que vous avez besoin de démarrer par quelque chose qui vous plait. 

Points forts ou points faibles ?

Il faut arrêter de passer sa vie à travailler ses points faibles. Certes, vous ne ferez pas l'économie des maths si vous vous sentez en difficulté et que vous êtes en maths spé ou en prépa ECS2...

Mais comment gérer ces difficultés ?

Si vous avez l'énergie et l'envie de vous accrocher, d'y arriver et que ce défi que vous vous lancez à vous-même vous suffit pour avancer chaque jour sur les matières qui vous posent problème, tout se passera bien. 

Si à l'inverse, le seul fait de penser à ces matières difficiles vous fait perdre 2 heures avant de vous y mettre, je vous invite à être stratégique : 
  • Commencez par travailler vos points forts
    • ce sont les matières qui peuvent vous rapporter le plus de points
    • c'est trop dommage d'être moyen dans une matière où vous pourriez être excellent(e)
    • les notes des concours s'étalent de 0 à 20 donc un "14" pendant l'année peut devenir un "18" au concours donc même une matière secondaire devient un atout important
    •  Vous rechargez ainsi votre réserve d'énergie, confiance en vous, motivation...
  • Ensuite, insérer une période courte de travail sur les matières difficiles. 
    • Si la durée habituelle de travail qui vous convient est d'1h30, contentez-vous de 45 minutes à une heure.
      Si vous travaillez volontiers sur des périodes d'1h, contentez-vous de 30 minutes
  • Reprenez les activités qui vous redonnent de l'énergie, de la motivation, voire du plaisir...
Vous mettez ainsi "en sandwich" les activités qui posent des difficultés entre deux sujets qui vous plaisent ou qui vous apportent plus de satisfaction.

Cette méthode vous permettra :
  1. de vous mettre au travail beaucoup plus rapidement
  2. d'allonger largement vos périodes de travail
  3. de garder et de nourrir votre énergie pour continuer dans la durée

Au moment des épreuves

Si possible, ce n'est pas le moment de changer vos habitudes. 
 
Lors de mon année de spé 3/2, j'était au Lycée Pothier à Orléans qui était centre de concours, les épreuves écrites des concours ne changeaient donc rien à mon organisation quotidienne. C'était peut-être un peu dommage, parce que ça ne donnait pas vraiment l'impression de réellement passer autre chose qu'un énième DS ou concours blanc, mais ça avait cet avantage d'assurer que le quotidien se passait bien : repas, repos, trajet jusqu'au centre de concours...

A l'inverse, l'année suivante, j'étais interne au Lycée Lakanal à Sceaux et le centre de concours était à Vincennes. Avec un ami de l'internat, nous avions prévu de prendre une chambre plus près du centre de concours. Ce n'était pas du tout adapté : l'hotel était vétuste et j'avais du mal à respirer à cause de mon allergie à la poussière / asthme... nous n'étions pas dans notre environnement habituel et ça rajoutait du stress au stress.

Nous avons donc décidé de revenir à l'internat dès la deuxième nuit. Il fallait gérer le risque de prendre les RER B puis RER A et d'être à l'heure aux épreuves malgré d'éventuels retards, mais ça nous permettait de dormir dans nos chambres. 

Je dois dire que passer les épreuves au centre de Vincennes pouvait être impressionnant, vu le nombre de candidats, mais ça donnait un caractère solennel au passage des épreuves écrites des concours.

Puis le moment du choix est venu d'aller passer Polytechnique/ENS ou les concours communs polytechniques (les ENSI) qui avaient lieu en même temps. Les petites salles du concours X/ENS marquaient également la différence avec les autres banques d'épreuves. 

Si ma mémoire est bonne, nous sommes aussi allés passer les épreuves du concours Centrale/Supélec dans les locaux de Centrale Paris puisqu'à Lakanal nous venions en voisins... c'était tout à fait différent également, d'une quatrième semaine dans les salles d'examens du Lycée Pothier. 

 

Les épreuves

Prévoir d'arriver largement à l'heure, c'est-à-dire en avance, ça me semble indispensable, non seulement pour être détendu et éviter d'ajouter du stress au stress... mais également parce qu'on est jamais à l'abri d'un contre-temps, d'une erreur dans le trajet, d'un métro arrêté ou d'une route embouteillée. 

Pour l'anecdote quand je me suis présenté à la gare de Bercy la semaine dernière pour mon train de 7h02, j'ai découvert sur place que la gare était fermée pour le week-end et les trains reportés à gare de lyon. J'avais 20 minutes d'avance et ça m'a permis de prendre mon train quand même et d'éviter de perdre mon billet et de devoir revoir toute l'organisation de la journée. 

Je vous invite également à "ne pas faire les malins". Pour les épreuves orales du concours de l'école Navale, j'ai voulu descendre la rue du Ranelagh où j'étais hébergé jusqu'au RER au bord de la Seine à roller. J'ai commencé ma journée d'épreuves orales du concours par une majestueuse chute. Je n'étais pas tout à fait au meilleur de ma forme avec le genou en sang pour chercher ensuite exos de maths, exos de physique, entretien d'anglais et entretien avec l'Amiral...

Vous trouverez plus de témoignages et de conseils pour les oraux ici : 

Si vous avez des remarques ou des questions, j'attends vos commentaire ou vos mails à gabrielbrabant (arobase) yahoo.fr

Si vous souhaitez prendre rendez-vous pour un accompagnement personnalisé ou des précisions sur ces outils de gestion du temps, des priorités et du stress ou pour tout autre difficulté que vous avez à résoudre, vous pouvez me joindre au 06 33 85 53 27

Bon courage

Gabriel 



Gabriel Brabant est l'auteur et coach de ce blog. Il accompagne les élèves des classes prépas à retrouver confiance en eux et motivation pour surmonter les difficultés qu'ils/elles rencontrent...