samedi 16 novembre 2019

France Culture : Témoignages d'élèves qui ont arrêté les classes prépas

France Culture - Les pieds sur terre - La prépa



Bonjour,

Aujourd'hui je partage cette émission de témoignages de trois élèves qui ont arrêté les classes prépas. 

L'écoute de cette émission me conforte dans quelques analyses récoltées au fil du temps :

1)  Faire attention à choisir un lycée / des classes prépas adaptées.
Choisir un lycée / des classes prépas d'un niveau trop élevé c'est prendre beaucoup de risques, en particulier celui de se retrouver dans les derniers de la classe. J'avais écrit à ce sujet ici

Dans l'extrait, c'est également douloureux pour Serena de se retrouver dans un milieu social auquel elle n'appartient pas et qui peut se révéler "rejetant".

2) Se coucher à 2h du matin n'est pas une option, pas une solution. Ça fait même souvent partie du problème. L'épuisement physique ne permet pas d'apprendre dans les meilleures conditions et empêche une bonne mémorisation à long terme. Au bout d'un moment, vous pouvez même ne plus vous rendre compte que vous êtes épuisé(e) et que votre travail n'est plus efficace.

Le temps perdu à être épuisé en classe ne peut pas se rattraper sur la nuit suivante sinon c'est un cercle vicieux qui se met en place et qui est destructeur.

3) Arrêter les classes prépas peut être une option. Souvent ce n'est pas le cas malgré tous les signes de souffrance et d'échec. C'est très bien illustré par le témoignage. Pourtant, une fois que la personne arrête les classes prépas elle se rend compte que c'était une évidence, elle fond en larmes pendant plusieurs jours et pourra se reconstruire petit à petit.

Les séquelles sont d'autant plus importantes qu'elle aura été trop loin dans la destruction de soi :
- elle n'arrive plus à lire, elle n'a plus de plaisir à lire
- elle n'arrive plus à se mettre au travail.

Dans mon expérience à moi, en classes prépas scientifiques, j'ai mis plusieurs années à retrouver goût aux sciences et aux maths.

Dans l'expérience d'autres élèves d'hypokhâgne et khâgne, tout travail de rédaction devient un défi insurmontable.

En ce qui me concerne, j'ai choisi d'aller au bout des classes prépas, puis au bout de l'école d'ingénieur. Ca prend alors beaucoup plus de temps de pouvoir se ré-orienter ensuite vers des activités professionnelles plus cohérentes avec nos envies, nos désirs, nos compétences et notre personnalité.

Ça me parait tellement important, ce choix de départ, que j'en ai fait mon métier : j'accompagne ceux qui le souhaite pour trouver leur voie. 

4) Enfin, pour tous les élèves, en particulier pour ceux qui ont un tempérament intuitif et créatif, arrêter toutes les activités telles que le sport, la musique peut conduire à un environnement légèrement dépressif. Au fur et à mesure des semaines, c'est votre niveau d'énergie et d'engagement qui diminue. Sans que vous vous en rendiez vraiment compte.

Ainsi, au bout de plusieurs mois, vous avez l'impression de travailler "tout le temps" mais vous n'êtes pas réellement engagé, mobilisé. Je vous invite à distinguer de vraies plages de travail et de vraies plages de repos avec des activités qui vont faire remonter votre niveau d'énergie, de bien-être, de satisfaction aussi.

Les activités à privilégier sont celles que vous avez appréciées les années précédentes. Elles vous permettront de gérer votre stress, de vous détendre, de vous rebrancher sur des situations de plaisir, de réussite. Elles vous permettront de maintenir un niveau d'énergie élevé, indispensable pour rester engagé(e), mobilisé(e) dans votre prépa.


Message de réconfort :
Si vous vous sentez tout "mou", que vous avez l'impression de travailler tout le temps, mais jamais réellement efficacement.
Si vos DM prennent des soirées entières au détriment du reste.
Si vous faites au mieux pour apprendre mais que vous avez l'impression de ne "rien retenir"

ce n'est pas une fatalité.

Vous pouvez remettre les choses dans le bon ordre.
Vous pouvez vous brancher sur ce qui vous plait vraiment.
Vous pouvez vous faire aider pour reprendre pied.

Bon courage !

Gabriel

lundi 4 novembre 2019

Réussir en classes prépas


Bonjour, 


Voici ce qui me semble le plus important pour réussir les classes prépas :

Sommeil

Le premier point que je vérifie quand j'ai un ou une élève des classes prépas au téléphone, c'est son niveau de fatigue. Vous ne pourrez pas réussir les classes prépas en étant épuisé(e). Le sommeil vous permet d'être en forme pour être attentif en classe, chercher les exercices, mieux mémoriser.

État général

Ensuite, je vérifie comment se sent l'étudiant ou l'étudiante de manière générale. Avant de trouver des stratégies d'organisation et de gestion du stress, c'est important de commencer par savoir ce qui va permettre de se sentir bien, de retrouver de l'énergie et l'éternelle motivation si c'est bien ça le problème. 

Orientation

Pour retrouver les éléments de motivation, nous faisons un petit détour par l'orientation, le projet d'études ou de métier : est-ce que j'ai choisi les maths, la physique, les lettres ou la philo par goût ou par fidélité familiale, ambition, prestige, pression des profs de terminale ou des parents ?

Motivation

Aimer les matières choisies, c'est pour moi ce qui constitue la motivation interne. Et quotidienne. Avoir des projets professionnels dans un secteur d'activité ou un métier donné, c'est ce que j'appelle la motivation externe ou long terme. 

Pression

Quand d'autres pourraient parler de la motivation externe par le soutien de parents "coachs sportifs" autoproclamés, de professeurs particuliers, de stages aux vacances... il peut parfois s'agir d'une pression supplémentaire.

Les élèves peuvent signaler à leurs parents quand le soutien - bienvenu le plus souvent - se transforme en pression et en stress supplémentaire - et souvent excessif au regard de la pression que l'étudiant·e se met déjà lui·elle-même.

Organisation du travail : gestion du temps et des priorités

Quand nous avons l'occasion de l'aborder, nous convenons avec les élèves que l'idéal serait de pouvoir travailler chaque jour les cours du jour-même et chercher les exercices pour le lendemain. A cet idéal, s'ajoutent toutes les préparations de colle, de DS, la recherche des DM.

 

Préparation des colles


Une approche très radicale, c'est de travailler tous les cours au quotidien et de ne pas réviser les colles. Vous vous appropriez le programme au fur et à mesure et deux ou trois semaines plus tard, une colle vient vous permettre d'évaluer où vous en êtes dans cet apprentissage. On peut même tenir ce raisonnement pour les devoirs.

En tant qu'accompagnant, je sais que ça marche. Je reconnais que ce n'est pas pour cela que c'est facile à mettre en place. D'abord, il y a le programme de colle qui est parfois proposé : c'est bien une invitation à se pencher sur ces cours et des démonstrations en particulier et les apprendre le mieux possible pour montrer sa bonne volonté et obtenir le meilleur résultat possible à la colle. 
En fait, le risque c'est d'avoir trois semaines de retard.
Cf. article Ne prenez pas trois semaines de retard !

Mon invitation : rééquilibrer le curseur entre travailler 0% le cours d'aujourd'hui et 100% la colle de demain sur le cours d'il y a trois semaines. A vous de décider où vous placez le curseur.

 

Efficacité

Sachez simplement que l'apprentissage ce soir du cours d'aujourd'hui vous fait gagner énormément de temps sur le cours de demain - que vous comprendrez trois fois mieux.

 

Mémoire

C'est également très efficace en terme de mémorisation à long terme. Parce que c'est exactement là que se situe le problème de réviser la colle du lendemain. Vous connaissez certes la démonstration par cœur et votre question de cours est réussie. Demandez aux anciens élèves de combien de démonstrations ils se souviennent en arrivant aux écrits des concours !

 

Plaisir

En voilà un sujet tabou en prépa. Avoir encore du plaisir dans ses apprentissages. Dans la recherche des exercices. Il faut aller vite. Être efficace. Travailler plus.

Soit disant...

En fait, en ce qui me concerne, je crois beaucoup au plaisir. Je crois que les matières que l'on a plaisir à travailler et à étudier, on s'en souvient pendant des années. Les sujets abordés répondent aux questions que l'on se pose ou traitent des thèmes qui nous intéressent. 


Au sujet des échéances...


Et vous quelle est votre recette ?
Etes-vous régulier dans vos apprentissages ou faites-vous tout au dernier moment ?

Béatrice Millêtre écrit dans "Petit guide à l'usage des gens intelligents qui ne se sentent pas très doués" que les échéances servent d'appui. Au lieu de culpabiliser de tout faire au dernier moment, elle nous invite à voir que nous ne manquons pas les échéances. Simplement, nous nous appuyons sur elles pour construire notre réflexion jusqu'au dernier moment avant de produire ou pour, enfin, nous y mettre.

Quelle chance, si vous fonctionnez comme ça, d'avoir choisi les classes prépas : vous avez des échéances tout le temps, tout au long de la semaine. Imaginez un cursus où vous auriez 6 mois pour préparer un examen ou un concours : vous commenceriez une semaine avant avec de grandes difficultés. Là, tout est fait pour que vous travailliez tous les jours !

Bon courage et bon travail !