lundi 16 novembre 2015

Les classes prépas, c'est pas l'idéal

Bonjour,

Si vous en êtes au stade du choix, pour l'année prochaine, de faire une classe prépa, il est peut-être temps d'ouvrir les yeux.

En effet, ayant fait les classes prépas en 1997 - 2000, j'avais déjà pu observer que les classes prépas ne rendaient pas heureux. Elles ne rendaient pas heureux, elles ne donnaient pas le goût d'apprendre, elles n'aidaient pas à l'épanouissement.

En plus, en arrivant en école d'ingénieur, j'avais pu constater qu'elles étaient également fondées sur une promesse mensongère du type "c'est super, après".

Après 7 ans à accompagner les classes prépas en rendez-vous de coaching en Ile de France et au téléphone dans toute la France, j'ai pu constater que les élèves continuent de souffrir en prépa. Et qu'ils n'en sont pas les seuls responsables comme on peut le lire parfois : ils seraient "les faibles" qui n'ont rien à faire en prépa et ils n'ont qu'à s'accrocher pour prouver le contraire.

Aujourd'hui, deux chemins de pensée permettent de s'interroger sur la pertinence des classes prépas. Oui, je dis bien "s'interroger". En effet, ce que j'ai pu comprendre depuis quelques semaines sur ma difficulté à donner des réponses, c'est que je préfère - et de très loin - les questions.

1. Les classes prépas, c'est pas indispensable.

La première idée que je souhaite partager avec vous, c'est qu'il n'est plus indispensable de faire les classes prépas pour faire les grandes écoles que l'on souhaite.

Les grandes écoles ouvrent leurs portes aux universitaires, aux BTS, etc. C'était déjà le cas en 2000 à Télécom Bretagne où la promo de 140 élèves de prépa s'enrichissait l'année suivante de 80 "AST" ou Admis sur Titre (autrement dit, après une maîtrise - maintenant cela s'appelle un Master 1). Ensuite, il y a eu les "FIP" Formation d'Ingénieur en Partenariat pour les alternants. Puis on pouvait ajouter les Espagnols, les Chinois, les Marocains, etc. de tous les partenariats internationaux de l'école !

Les journaux titrent régulièrement sur ces sujets. Au lieu d'y voir un "prépa bashing" comme le mentionne un commentaire sur le site du Monde, on peut y relever une évolution claire des 20 dernières années et en tirer les conclusions dès aujourd'hui sur les opportunités variées qui s'offrent à nous et à nos enfants.





2. Les classes prépas ne développent pas la créativité

Albert Jacquart en parlait déjà en 2001 quand il est venu animer une conférence à Télécom Bretagne. Il comparait alors le nombre de prix Nobel issus de Polytechnique à Paris et des Ecoles  Polytechniques de Lausanne (EPFL) et Zurich (ETH).

Aujourd'hui, je suis passionné par les travaux de Céline Alvarez et l'expérience qu'elle a menée dans une classe à Gennevilliers : https://lamaternelledesenfants.wordpress.com/lequipe/

J'ai également été interpellé par les qualités des enfants dont les parents choisissent de ne pas les mettre à l'école dans le documentaire Etre et Devenir de Clara BELLAR qu'il est possible de trouver en DVD, d'aller voir au Saint André des Arts chaque dimanche matin ou de vérifier les projections en France et à l'étranger sur cette page



A partir de ces deux constats, 

1 - que les classes prépas ne sont pas indispensables pour faire les plus grandes et prestigieuses écoles
2 - que les classes prépas ne vous assurent pas : ni de vous faire plaisir, ni de nourrir votre goût pour les maths ou le latin, ni votre épanouissement personnel

et à partir de mon expérience d'avoir plutôt : 
- souffert sans être entendu
- détesté les maths quand il a fallu en faire jusqu'à 4 à 6 heures par jour tous les jours
- détesté être en compétition permanente avec des gens pas tellement plus doués que moi mais parfois beaucoup plus "bornés" et en tout cas capables de faire "une seule chose", toute la journée, tous les jours, sans s'intéresser à rien d'autre (ce qu'Albert Jacquart appelle unidimensionnel)
- été infiniment déçu de l'école d'ingénieur qui m'avait tellement été présentée comme un "Eldorado" merveilleux

et à partir de mon expérience de coach et auteur de ce blog: 
- d'être lu par 800 élèves chaque mois sur les thèmes de la confiance en soi, de la motivation, des difficultés rencontrées en prépas
- d'entendre le désarroi des parents devant la souffrance ou les difficultés de leurs enfants qui étaient de brillants élèves quelques mois plus tôt
- le nombre d'élèves qui s'arrêtent parce que "ce n'est pas fait pour eux" et surtout parce que personne dans la classe ou l'établissement n'est là pour prendre en compte leur spécificité, leurs besoins. 
- ceux qui souffrent simplement de ne plus pouvoir "aller au bout des choses", comprendre, "avoir une vision d'ensemble du sujet", prendre le temps de travailler. 

Je trouve qu'aujourd'hui, la question des classes prépas se pose, plus que jamais.

La question qu'on peut se poser parfois : Et si c'était à refaire ? Le plus souvent, on répond "je le referais". Ne serait-ce que parce que c'est ce qui nous constitue, c'est ce qui nous a construit. Comment pourrais-je aujourd'hui aider les élèves des classes prépas, si je ne les avais pas vécues ?

En fait, lors du stage de parentalité bienveillante fait cet été, j'ai découvert que cet argument sert parfois aux défenseurs de la fessée. "J'en ai reçu quand j'étais petit et je n'en suis pas mort" ou "J'en ai reçu quand j'étais petit et ça ne m'a pas empêché de réussir". 

Ca a été pour moi comme un nouvel éclairage. "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort" ne tient pas. Les enfants qui sont les plus à même de supporter les difficultés ne sont pas ceux qui en ont subies très jeunes, mais ceux qui ont eu tout l'amour dont ils sont besoin.

Autrement dit,  je ne conseillerai pas les classes prépas à ceux qui peuvent trouver une voie d'études qui leur permet d'accéder au métier qu'ils souhaitent sans passer par les classes prépas. Comme nous le disions avec mon binôme de première année lors de notre déjeuner tout à l'heure, les alternatives, aujourd'hui, ne sont pas très heureuses. 

Il nous reste à les construire. Céline Alvarez a commencé pour les tout-petits. Poursuivons, pour les autres.   

Gabriel Brabant
Ancien élève de prépas, mais aujourd'hui aussi père de 3 enfants qui se demande quelle scolarité éducation proposer à ses enfants !



 


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