mardi 10 janvier 2023

Le choc des cultures

Bonjour, 

Après mon envolée lyrique dans mon dernier article, j'aimerais écrire aujourd'hui sur le choc des cultures. 

En particulier sur l'élève qui arrive de province, d'Espagne ou du Luxembourg pour les lycées parisiens pour ses classes prépas. 

Dans le petit milieu des classes prépas, il est connu que les élèves des lycées parisiens les plus côtés ont parfois jusqu'à un trimestre d'avance sur les étudiants qui les rejoignent pour la prépa. 

Mais les élèves sont-ils au courant quand leurs résultats stratosphériques au lycée français de Madrid, du Luxembourg ou simplement du Parc à Lyon ou de Kléber à Strasbourg les propulsent à Paris pour la suite ?

L'année dernière c'était un étudiant de Sainte Geneviève qui arrivait d'Espagne. L'année d'avant c'était une autre étudiante de BCPST de Sainte Geneviève qui arrivait des Pays-Bas. Cette année, c'est un étudiant du Luxembourg qui arrive dans un autre grand lycée parisien. 

Il y a plusieurs années, c'était un étudiant de Normandie qui avait rejoint Hoche pour les classes prépas. 

Souvent, c'est le choc des cultures : 

  • le milieu socio-culturel familial
  • la culture éducative du lycée à l'étranger
  • VS le système franco-français des classes prépas
  • VS l'élitisme "à la française"

Même d'une classe prépa à l'autre, on oscille entre : 

- "Vous êtes les meilleurs, vous serez l'élite de la nation" et

- "Vous êtes nuls !" (collectif) : "Je n'ai jamais une classe aussi nulle !" ou

- "Vous êtes nul !" (individuel) : "Vous n'avez rien à faire ici !"

Ce qui m'épate toujours, dans ce jugement radical, dénigrant - stigmatisant souvent, puisque c'est dit devant toute la classe - c'est qu'il s'agit bien d'un élève qui a été accepté sur dossier, par la même équipe éducative qui devrait constater son propre échec - de recrutement, de formation, peu importe - au lieu de chercher à jeter l'opprobre sur un étudiant qui se contente souvent de faire de son mieux pour répondre aux attentes de ses profs. 

Il faut savoir que le jugement des profs est souvent simpliste : soit un étudiant réussit, soit c'est qu' "il ne travaille pas". 

C'est bien connu que les étudiants choisissent régulièrement de venir "glander" en prépas. 

Ce jugement à l'emporte pièce permet d'éviter toute réflexion de fond : 

- sur ce qui pourrait aider l'étudiant à réussir

- sur ce qui dysfonctionne en classes prépas pour sélectionner chaque année les étudiants perçus comme "les meilleurs" et en laisser ensuite une partie sur le bord de la route en se contentant d'un : 

"- Il n'était pas fait pour les classes prépas".

Est-ce que 200 ans après la fondation de l'X, il ne serait pas possible que le processus de sélection des étudiants pour les classes prépas soit capable de détecter ceux qui ne seraient, soit disant, "pas faits pour les classes prépas". 

 

Quand nous avons échangé avec la mère de Capucine qui s'était suicidée il y a quelques années à Hoche, sa mère m'avait dit : les enseignants et l'équipe éducative n'y sont pour rien : "elle était haut-potentiel non diagnostiquée". 

 

Ne serait-ce pas normal que ces enseignants et équipes éducatives qui prétendent accompagner nos "champions olympiques des maths et de l'intellect" soient les premiers formés à détecter et diagnostiquer les étudiants haut-potentiels et donc souvent hautement sensibles ?

 

En ce qui me concerne, il me semble qu'il ne faut plus envoyer les étudiants faire les classes prépas scientifiques ou commerciales "parce que ça garde toutes les portes ouvertes". 

Je pense qu'il faut cesser de penser que c'est la "voie royale". Au contraire, il me semble que c'est tout à fait inadapté pour les étudiants les plus géniaux, les plus hauts potentiels, les plus sensibles. 

J'éviterais d'y envoyer les cerveaux en arborescence, les intuitifs : toutes ces maths sans conscience, toutes ces sciences sans applications concrètes les vident de leur intérêt, de leur attrait, de leur grandeur. 

Notre prof de mathématiques nous disait "les maths c'est beau". J'ai envie de lui répondre : si vous aimez les maths, ne faites pas les classes prépas. 

Un étudiant de Condorcet qui aimait vraiment les maths, qui allait approfondir des concepts dans des cours de 4e année d'université, qui aimait faire des liens, chercher à comprendre... a détesté les maths de prépas : 

  • aller vite
  • apprendre le plus vite possible
  • retenir les démonstrations... pour la colle
  • être évalué au DS, beaucoup trop tôt dans ses mécanismes de compréhension d'un ensemble cohérent de notions...
  • utiliser les maths pour "classer" les individus
  • utiliser ultimement les maths pour leur donner accès à une école ou à une autre 

Il a rejoint une licence 2 de maths en fin de sup et a poursuivit des études de maths. La plupart des autres élèves arrêtent les maths à la fin des oraux des concours.

La plupart des élèves qui peuvent être intuitifs, créatifs, souvent brillants ont de très nombreux centres d'intérêts. Ils travaillent peu en rentrant des cours, mais ils ont des activités sportives, musicales, artistiques ou mêmes amicales qui les nourrissent, qui les ressourcent, qui leur assurent la respiration dont leur cerveau a besoin pour fonctionner. 

Dites-leur de ne travailler que maths et physique toute la journée et ils perdent leur énergie, leur intérêt, leur curiosité. Leurs cerveaux s’asphyxient. Eux-même se sentent "saturés". Ils n'ont plus envie.

Ils se demandent ce qu'ils font là. 

Ils se demandent "mais pourquoi autant de maths ?" 

Et moi aussi. 

Bonne journée, 

Gabriel

06 33 85 53 27

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