dimanche 17 novembre 2024

Un difficile mois de novembre

 Bonjour, 


Vous êtes plusieurs à passer un difficile mois de novembre. 


Que ce soit dans l'angoisse de ne pas réussir les concours dans quelques mois ou l'anxiété de tâches qui vous prennent "trop de temps", vous m'exprimez votre mal-être. 


Certains d'entre-vous n'arrivent plus à aller en cours, et la question se pose d'arrêter les classes prépas. 


Un de mes tout premier coaching, il y a 15 ans, avait consisté à aller jusqu'à Orsay, rencontrer une famille pour une élève qui avait dormi 16 heures par jour pendant les vacances de la Toussaint. Autant vous dire qu'elle ne souhaitait pas y retourner pour la rentrée le lendemain. 

Les parents avaient exprimé dans leur brief préalable la santé de leur fille et nous avions pu convenir ensemble qu'il était bien plus important qu'elle reste en bonne santé plutôt que d'y retourner "à tout prix".

Leur situation avait été reprise par le reportage d'M6 sur le sujet des classes prépas : 

http://www.coachingclassesprepas.com/2011/11/complement-denquete-france-2-3-novembre.html

http://www.coachingclassesprepas.com/2012/11/la-rentree-de-la-toussaint.html#more


Chaque année, c'est la plus grande difficulté : faut-il s'accrocher à tout prix ? 

Il ne faut évidemment pas renoncer à la première difficulté, mais quand on commence à mal dormir, à avoir mal au dos ou à faire des crises d'angoisse pendant le DS, qu'on est tétanisé pendant une colle ?


Chaque situation est unique. La motivation pour un métier, une école, se surpasser peut permettre de surmonter toutes les difficultés. Au contraire, sentir chaque jour qu'on n'est pas à sa place est peut-être l'indicateur qu'on a mieux à faire ailleurs. 


J'ai observé autour de moi un grand nombre d'élèves qui sont allés au bout de leurs écoles d'ingénieurs pour choisir ensuite une spécialisation différente par un Master spécialisé en école de Management ou qui ont simplement choisi ensuite de faire une carrière différente : écrire des scénarios, reprendre des études pour devenir pilote chez Air France, étudier désormais la médecine chinoise et l'acupuncture. 

 

Ca crée une confusion parce que ça peut laisser penser qu'après une école d'ingénieurs "on peut tout faire". Ce n'est pas tout à fait vrai, il faut un certain aplomb pour décider pour soi-même puis pour annoncer à ses parents qui viennent de financer 19 ans d'études, dont 5 dans le supérieur qu'on a l'intention d'en faire 5 de plus... ou de tout lâcher pour faire autre chose. 

 

En ce qui me concerne, j'ai bien passé le concours de la Fémis - la grande école de cinéma - comme je me l'étais promis plusieurs années avant, mais une fois que je ne l'ai pas eue, je suis allé travailler. 

 

A l'inverse, j'ai vu au fil du temps des élèves qui ont quitté les classes prépas au bout d'une semaine pour faire ensuite de brillantes études de droit et d'autres qui se sont fait virer de Pothier ou de Sainte Geneviève rebondir de manière très satisfaisante en rejoignant l'ISEP au coeur de Paris par exemple. 

 

Tous les parcours vous apportent quelque chose. 

 

Tenir bon vous montre que vous en êtes capable. 

Lâcher vous permet de construire autre chose qui vous correspond plus. 


Et Albert Jacquard a déploré pendant des années la tristesse de notre système scolaire et de notre système de classes prépas qui privilégient la compétition sur la collaboration. 

On se demande comment les médecins sont encore capables de prendre soin des malades après avoir dû "tout sacrifier" pour eux-mêmes pendant plusieurs années pour réussir.


Se sentir mal en classes prépas, n'est pas forcément mauvais signe. 

Je l'évoquais dans mon précédent article je pense qu'il est particulièrement difficile de faire les classes prépas quand on est haut potentiel intellectuel / surdoué / zèbre quand c'est associé avec l'hypersensibilité (ne serait-ce qu'au bruit !), l'émotivité, le cerveau global ou la pensée en arborescence qui les caractérisent. 

Et d'autres s'y sentent très bien parce que tout est cadré : les échéances sont régulières, les exigences explicitent, les autres élèves fonctionnent comme eux "à toute vitesse", les matières sont suffisamment complexes pour attirer leur intérêt, les projets professionnels inaccessibles "au commun des mortels". 


C'est comme ça qu'on trouve probablement des départements de recherches en mathématiques où tous les membres sont probablement HPI, qu'ils en aient conscience ou pas. 

Quand j'évoque le sujet avec ma belle-soeur, Associée de son cabinet d'avocats de renommée mondiale, elle ne voit pas de quoi je parle et évoque la quantité de travail et les "nuits blanches" de ses premières années pour clore les contrats. 


Mais de nombreuses personnes pourraient faire toutes les nuits blanches qu'elles souhaitent sans jamais réussir le concours de médecine ou celui de Polytechnique, ni devenir associé(e) d'un grand cabinet d'avocats (ou simplement réussir le Barreau ou l’École de la Magistrature !). 


On fait une grande confusion, dans notre système de valeurs, entre effort et réussite. 

J'ai encore eu hier l'exemple d'une professeure qui parle du manque de réussite de son élève en disant "il ne travaille pas assez". En fait, en quantité, il travaille peut-être trop. Peut-être qu'il manque de compréhension du sujet. Peut-être qu'il manque d'esprit "économique". Peut-être qu'il se force à travailler un sujet qui ne l'intéresse pas sans succès. 

Ce même élève évoquait le fait que 3h de travail en philo par semaine lui suffisent pour traiter les sujets demandés et obtenir les meilleures notes de la classe. 

Quand je l'ai eu au téléphone il avait passé l'après-midi à se prendre la tête sur un sujet d'économie sur "la balance commerciale" et son agacement était perceptible. 

La seule chose qui compte c'est la réussite. Ce dont on nous parle à longueur de journée c'est d'une soit disant proportionnalité entre le temps passé à apprendre et le résultat obtenu aux examens. 


Il me semble que les élèves qui arrivent en classes prépas avaient souvent une relation inversement proportionnelle entre le temps passé à travailler à la maison et leurs résultats...


Mais on touche peut-être du doigt le problème des élèves qui font appel à mes coachings : ils n'avaient pas eu à travailler jusqu'à l'entrée en prépa. Ils pensaient, avec leurs parents, qu'ils n'auraient qu'à "s'y mettre" pour que ça marche. 


Mais les autres savent travailler. Ils ont l'habitude de travailler longtemps et ils aiment ça. 

Les hauts potentiels qui réussissent tout "facilement" le font en se nourrissant par ailleurs de musique, de passions, de cinéma, d'équitation ou de foot... d'astronomie, de jeu d'échecs ou de go, de jeux vidéos, d'électronique ou d'une connaissance encyclopédiques des insectes ou de l'univers des mangas, comme on voit les jeunes enfants se passionner de dinosaures, de légo, de puzzles et de tant d'autres choses. 

Quand on leur demande tout à coup de ne faire que travailler toute la journée et encore le soir et aussi le week-end... leur monde s'écroule. 

 

Ils aimeraient faire autre chose. 

Ils s'échappent dans leurs pensées, leurs rêveries ou au cinéma... juste pour penser à autre chose. 

Ils n'aiment pas faire des maths pour être évalués. 

Ils n'aiment pas étudier la philo "pour être meilleurs que les autres" (ils s'en foutent). 

Ils ne comprennent pas en quoi se gaver de maths peut faire d'eux un meilleur ingénieur ou un meilleur manager ou entrepreneur... (et ça ne leur servira d'ailleurs à aucun moment dans le cursus qui les attends, même en ingénierie. On ne fait une école d'ingénieur ou une école de commerce pour devenir chercheur en maths...)

 

Vous voyez le début du problème ? 

Nous pouvons poursuivre cette conversation pour voir ensemble les solutions possibles : 

  • pour d'autres orientations que les classes prépas s'il est encore temps, 
  • pour réussir quand même les classes prépas quand on est HPI ou hypersensible
  • pour quelques clés de compréhension pour mieux gérer tout ça...

A bientôt et bon courage

 

Gabriel

 

06 33 85 53 27

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