jeudi 2 mai 2024

Comment - mieux - apprendre ?

Bonjour, 

 

Avec une étudiante de 5e année de médecine, la question que nous nous posons est simple : comment mieux apprendre ?

 

Je crois que nous en sommes tous passés par là, à un moment où à un autre de notre parcours d'études. 

 

Que ce soient les parents qui se posent la question pour leur enfant à l'école primaire, leur ado "qui ne bosse pas" au collège ou les élèves qui entament leurs études supérieures, il me semble que plusieurs sujets s'entre-mêlent...

 

La première réponse que je voudrais évoquer, c'est celle qui consiste à se mettre au travail. De plus en plus, il semble que tout doit être facile, immédiat, à portée de clic. Ca nous concerne aussi, les parents, les quarantenaires, les cinquantenaires, même si nous avons connu autre chose auparavant. 


La logique du "tout, tout de suite", ce ne sont pas que nos enfants. Mais c'est comme si eux, n'avaient pas connu autre chose. 

 

Côté apprentissages, les nouveaux coachings demandés consisteraient à mettre au travail des adulescents de 18 ans - plus vraiment ado, mais pas encore adultes - alors qu'ils se sont gavés d'écrans depuis plus de 10 ans. 

 

Ils sont inscrits dans une école d'ingénieur ou d'informatique mais ils ne voient pas la nécessité ou la pertinence de se mettre au travail. De lâcher leurs écrans. De tenter de se concentrer. 

 

Pour moi, c'est nouveau parce que les articles de mon blog m'amènent une clientèle tout à fait différente depuis 15 ans : des élèves qui travaillent "trop" et qui n'obtiennent pas les résultats attendus au regard des efforts soutenus et de la quantité de travail fournie. 


Avec ceux-là, la proposition c'est de revoir la quantité de travail, les méthodes et l'organisation pour "travailler moins, mais travailler mieux". Efficacité, gestion du temps et des priorités, gérer ses points forts et ses points faibles. Faire des pauses ressourçantes pour pouvoir s'y remettre. Alterner les matières sur des séances plus courtes et plus dynamiques. Avoir conscience du fonctionnement du cerveau et des mécanismes de la mémoire pour privilégier ce que va assurer la mémoire à long terme plutôt que le résultat à court terme...


Mais s'il était désormais question de "se mettre au travail"?

S'il était désormais question de se rendre compte qu'on ne devient pas pilote en se contentant d'en parler sur les réseaux avec ses potes en regardant des vidéos youtube ?

S'il était désormais possible de constater que 4h par jour d'écrans "récréatifs" (pour citer Desmurget) ça détruit les capacités de concentration et de travail de nos enfants ? Alors quand ils sont dessus toute la journée ?


Et d'en tirer les leçons ? Pour nous-mêmes et pour nos enfants ?


En ce qui me concerne, il me semble que les étapes sont simples. 

 

D'abord, il faut se mettre au travail

Pour cela, il faut savoir pourquoi on se met au travail. Pourquoi on apprend ce qu'on a à apprendre. Pourquoi ça vaut la peine, en quoi c'est intéressant. 

Ce n'est pas si évident, puisque tout est imposé au départ : au lieu des apprentissages autonomes et de l'apprentissage conduit par les intérêts de l'enfant, ça fait souvent 10 ans que l'enfant est simplement soumis - ou en rejet - des exigences que l'adulte, le professeur ou le système ont décidées pour lui. 

Globalement, l'élève qui arrive jusqu'en prépa y avait jusque là trouvé son compte : par intérêt personnel, pour faire plaisir à ses parents ou ses enseignants, parce qu'il ne se pose pas la question, parce que ça lui va bien ou parce qu'il faut bien. 

Mais en prépa, tout s'accélère : le rythme, les quantités de connaissances à apprendre et maîtriser, le niveau d'abstraction requis...

Alors est-ce que j'arrive toujours à me mettre au travail après 7 heures de cours d'une intensité rarement rencontrée ?

Est-ce que j'arrive toujours à me mettre au travail si en faisant de mon mieux depuis 3 mois, j'ai 4,5/20 pour la première fois de ma vie et que je suis 35e de ma classe après avoir eu 20 en maths au bac seulement quelques mois avant ?


Méthode de travail

Depuis des années, mon travail consiste à proposer aux élèves de revenir aux méthodes de travail qui marchaient pour eux pendant toutes les années qui précédaient et qui les avaient conduit jusqu'aux classes prépas.

Mais désormais, je dois me rendre à l'évidence, certains sont arrivés jusqu'au bac vraiment "sans travailler". 


Jusque-là, pour les élèves brillants, je traduisais les propos des parents par "vous voulez dire qu'ils ne travaillaient pas, en dehors des 35 heures qu'ils passent en classe chaque semaine". C'est-à-dire qu'ils étaient suffisamment performants pour se contenter de leur travail en classe pour restituer ce qui était attendu au devoir suivant. 


Mais ce n'est plus le cas. Désormais, il semble véritablement possible de faire une scolarité complète en en "foutant pas une". 


Alors on peut choisir les classes prépas parce qu'on pense que l'élève "en a sous le pied". 

Mais la véritable question qui se pose serait plutôt : qu'est-ce qui va être différent l'année prochaine pour qu'il s'y mette ?


Et là, on a une double difficulté : 

- l'élève ne travaille pas

- s'il se mettait enfin au travail, il ne sait pas comment s'y prendre  !



Pour revenir à ce que j'évoquais en début d'article, l'étudiante que j'accompagne ressent qu'elle manque de confiance en elle et "ne sait pas apprendre". 


Alors j'échange avec elle : "Vous avez quand même réussi là où de nombreux élèves échouent ?"

"Oui, mais j'apprenais tout par cœur et désormais, ce n'est plus possible, on a 20 000 pages de cours à apprendre."


Alors nous explorons ce qui se passe pour elle. 

Elle a fait appel à un "coach mémoire" : il lui a donné un mode d'emploi très précis, qu'elle n'arrive pas à suivre. 

Alors je reviens à mes méthodes à moi : revenir à ses méthodes à elle. Ce qui a marché. Ce qui lui convenait. Ce qui lui a permis de réussir là où les autres ont échoué. 


Et effectivement, régulièrement, nous arrivons au constat que se comparer aux autres, ça nous amène souvent à douter de nous. Sinon, nous ne serions pas dans le doute, dans les inquiétudes, dans les interrogations, dans la remise en cause de nos compétences et de nos capacités à réussir. 


Mais tout cela est en nous et pas à l'extérieur : apprendre, comprendre, chercher à tisser des liens, appliquer au mieux à travers des exercices, des cas pratiques, des TP... 

S'intéresser véritablement au sujet. 

Chercher d'autres axes d'explications. 

Se contenter de comprendre 50% ou 80% avant d'y revenir plus tard. 

Ne pas hésiter à s'auto-interroger rapidement pour voir ce qui est su et ce qui reste à apprendre. 

Le faire à plusieurs, avec des amis.
Le faire seul, dans la tranquillité d'un bureau ou de sa chambre, quand on en a besoin. 

Y revenir souvent. 


Les élèves, je leur dis souvent :  pour les formules de physique, pour les verbes irréguliers d'anglais, est-ce que vous avez un formulaire à trois endroits dans votre appartement : sur votre table de nuit, là où vous vous lavez les dents et sur la table du petit-déj, par exemple ?

Ainsi, vous les voyez au moins trois fois par jour. 


Pour progresser en langue, c'est la même chose : est-ce que vous avez des magasines en anglais, en allemand ou en espagnol, sur votre table de nuit, pour lire un article chaque soir ? Ca fait désuet puisque désormais nous sommes tous sur nos portable, mais je pense que ça continue d'être pertinent. 


Et vous, comment apprenez vous - mieux ?

Avez-vous tenté de changer de méthode de travail pour finalement revenir à ce qui marche pour vous ? 

Avez-vous tenté de vous coucher à 1h du matin tous les jours "pour travailler plus" avant de vous rendre compte que c'était contre-productif ?


N'hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires, cet espace "blog" est là pour vous !


Bonne journée, 

Gabriel


Photo de Kelly Sikkema sur Unsplash

 


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