Bonjour,
En cette fin du mois de juillet, j'ai pensé qu'il était important d'aborder avec vous le sujet de la préparation de la rentrée.
Vous pouvez commencer par lire l'avis d'un professeur de maths sup de Louis le Grand sur le sujet, interrogé par le Figaro Etudiant :
Nicolas Tosel "Avant d'entrer en prépa il faut bien se reposer"
Ensuite, voici un document proposé par un collectif de professeurs de Louis le Grand pour les maths. Ce document est présenté dans cet autre article : Les exercices de maths conseillés pour préparer sa rentrée
Pour reprendre les éléments du débat autour du travail pendant les vacances avant la rentrée en classes prépas ou entre les deux années de prépas, voici ce que j'ai pu collecter au fur et à mesure des années.
Pour mon entrée en sup, j'avais lu les oeuvres au programme. Au lieu de faire une semaine de maths avant la rentrée, j'ai choisi de repeindre ma chambre.
A la rentrée, ça m'a semblé une bonne idée, notre professeur de maths et aussi professeur principal nous a expliqué que ce que nous avions fait jusque là n'était pas des maths.
"Faisons table rase du passé !"
Depuis, je m'insurge contre cette posture.
D'abord, c'est prendre de haut ses confrères professeurs au lycée.
Ensuite, c'est prendre les élèves pour des cons que de leur dire que tout ce qu'ils ont fait jusque là n'avait servi à rien. C'est peut-être une tradition parce qu'il m'a semblé également qu'il n'y avait à peu près aucun lien entre le niveau attendu pour les concours, les compétences acquises et les programmes de cursus ingénieur en Grande Ecole.
"Se reposer, c'est naïf"
Le titre de l'article du Figaro reprend l'idée qu'il faut d'abord bien se reposer. Les élèves l'entendront certainement comme moi il y a 20 ans : je prends des vacances, je profite, "ils m'ont dit de me reposer".
En fait, ceux qui veulent réussir les concours les plus prestigieux ont commencé bien avant.
Dans les lycées parisiens comme Louis le Grand ou Henri IV le programme de sup est déjà bien entamé depuis la terminale. Alors ils peuvent "se reposer" mais comme par hasard on se rend compte qu'un document leur est proposé qui peut aussi les inviter à travailler tout l'été.
On peut imaginer que si ce document est en ligne cette année, ça fait des années que de manière plus ou moins formelle, de telles consignes étaient mises à disposition des élèves, soit par les équipes enseignantes, soit par les anciens élèves.
C'est une des grandes différences que j'ai pu constater entre mes années de prépas au lycée Pothier à Orléans et mon arrivée au Lycée Lakanal en 5/2 (ou cube, troisième année de prépa après un premier passage des concours en "3/2" ou "carré").
A Lakanal, la première semaine, les étudiants ayant intégré sont venus nous proposer leurs livres à la vente : les Méthodix, Eyrolles, Dunod, ... Méthodologie, livres de cours, annales de concours, tout était bon pour trouver du soutien, des solutions, des aides. Dans un monde où internet démarrait tout juste.
Un bouquin adapté, c'est la possibilité de comprendre un cours en quelques pages quand celui du prof ne nous convient pas ou s'étale sur 20 pages recopiées "à l'arrache".
Des exercices corrigés, c'est la possibilité de comprendre et de traiter celui du poly qui nous pose problème.
Des annales, c'est préparer les DS et les concours en ayant accès aux sujets qui tombent, aux questions types pour mieux comprendre les attentes des professeurs, des correcteurs.
Alors ne soyez pas aussi naïf que moi, préparez-vous.
J'ai envie de vous dire : préparez-vous au pire.
Pour chaque personne qui témoigne que la prépa a été dure pour lui, vous trouvez un ensemble de profs ou d'anciens élèves pour vous rassurer "Les classes prépas, c'est pas le bagne".
Des classes prépas encore plus dures qu'avant
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les classes prépas sont devenues plus dures qu'avant. On pourrait croire qu'elles se sont "humanisées", que les professeurs sont devenus des Coachs d'athlètes olympiques en voie pour la médaille d'or.
Pas du tout.
La psychologie qui continue de régner en maître, c'est :
" Si tu n'y arrives pas, c'est que tu n'étais pas fait pour ça"
"Si tu n'y arrives pas, il faut travailler plus"... à des élèves qui ne font déjà que travailler.
Je vois deux raisons pour lesquelles les classes prépas sont plus dures qu'avant :
- le niveau au lycée s'est écroulé
- les élèves ne sont plus habitués à "obéir" ou à "se soumettre à l'autorité"
On pourra m'opposer que l'on dit que le niveau baisse chaque année, depuis 20 ans ou 40 ans, voire depuis 5000 ans, en citant ce texte sur la jeunesse qui nous parait actuel mais qui date en fait de 5000 ans.
Mais ne nous y trompons pas, les niveaux atteints sont plus faibles que ceux qui étaient atteints il y a 20 ou 40 ans. Malgré les 20/20 en maths au bac. Ou à cause des 20/20 en maths au bac.
Avec ces notes, les élèves sont "arrivés". Ils pensent qu'il ne peut rien leur arriver. Alors qu'avec un 12 ou 13 arraché difficilement en spécialité math on savait qu'il restait du travail à faire.
Pour le second point, les classes prépas sont construites sur des valeurs qui n'existent plus. J'ai enseigné un an au collège de la Tour d'Auvergne, dans le puy de Dôme et j'ai mis un an, après cette expérience déroutante, pour comprendre ce qui se passe.
Les élèves et étudiants ne vivent plus dans un monde où ils sont soumis à l'adulte, à son bon vouloir et à ce qu'il dit. Le collège comme les classes prépas, repose sur un système où l'adulte - ou l'institution - décide à la place de l'élève de ce qu'il doit faire, à quelle heure et dans quel ordre.
Les classes prépas, ça pourrait être un régime quasi-militaire où l'on fait ce qu'on nous dit, dans une confiance aveugle et au sacrifice de tout le reste, la famille, les amis et nous-mêmes pour réussir l'objectif, battre l'ennemi, gagner la guerre.
Mais les étudiants aujourd'hui, sont peu nombreux à "jouer le jeu".
Pour un élève que j'accompagne à retrouver un équilibre parce qu'il travaillait trop - ce qui était l'essentiel de mon activité pendant 10 ans, pour des profils à haut potentiel et à haute sensibilité - j'en ai désormais deux à qui il faudrait faire comprendre qu'on est là pour travailler.
C'est difficile pour moi, parce que ça fait 12 ans que je m'interpose à la croyance et l'injonction du "Il faut travailler plus" simpliste et réducteur pour la plupart des élèves en difficulté que j'accompagne.
Alors, oui, aujourd'hui et pour ceux qui ont un doute, je l'écris : ce qui serait bien, s'il est encore temps pour vous, c'est de vous mettre au travail dès aujourd'hui et le plus possible.
Vous pouvez :
- vous renseigner sur ce qui est attendu
- lire les programmes
- lire les compte-rendus des concours avec les remarques des correcteurs comme celui-ci
Vous pouvez aussi :
- vous renseigner sur les écoles, et pas seulement Polytechnique, Centrale ou HEC
- construire votre projet professionnel
- je souhaite être "ingénieur"
- qu'est-ce qu'"ingénieur" ?
- en quoi ça consiste ?
- qui je connais qui fait ce métier ?
- qu'est-ce que j'imagine ?
- quels sont les secteurs d'activité qui m'intéressent?
- automobile
- aéronautique
- génie civil et construction
- finance
- nouvelles technologies, télécommunications, informatique
- est-ce que je me vois plus comme
- un expert technique,
- un chef de projet,
- un chef d'équipe ?
- Je souhaite faire une école de commerce ou de management
- ai-je une idée des métiers proposés ?
- communication, marketing, vente et développement commercial, management de projets ou d'équipes, ...
- ai-je un secteur d'activité privilégié ?
- luxe, automobile, finance, banques, assurances, aéronautique, tertiaire...
- Je souhaite étudier les lettres, les langues, l'économie...
- est-ce que j'envisage d'être enseignant, traducteur, éditeur, auteur, chercheur...
- en université ? dans la fonction publique ? dans le privé ?
Pour chaque période de vacances, vous allez vous retrouver avec ces questions qui peuvent se poser :
- Qu'est-ce que j'ai à faire ?
- Par quoi je commence ?
- Combien de temps je travaille ?
- A quel moment dans la journée ?
- Comment je fais pour rester motivé(e) ?
- Est-ce que ça sert à quelque chose ? Est-ce que je suis assez efficace ? est-ce que je vais assez vite ?
Pour cela, établissez la liste de ce que vous imaginez pouvoir faire.
Pensez que vous êtes la veille de la rentrée : qu'est-ce que vous voulez/devez impérativement avoir fait ? Ce sont vos "***" ou "trois étoiles". Allez voir l'article Travailler pendant les vacances pour la suite de la méthode.
Et si vous n'y arrivez pas mais que vous pensez qu'il faut vous "débrouiller tout seul", les articles de janvier 2022 sont là pour vous :
Se débrouiller tout seul !
Se débrouiller tout seul (2)
Un coaching ?
En ce qui me concerne, je suis coach. Comme chacun sait, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Je n'ai pas de todo list, je n’établis pas de planning, je travaille "au feeling", je range la maison avant de me mettre au travail, j'ai envie d'écrire un livre mais je ne sais pas comment m'y prendre ou par quoi commencer.
J'accompagne des étudiants à réussir ce que je sais pas faire pour moi-même : s'accepter comme ils sont, se faire confiance, développer leur motivation et leurs capacités à réussir.
Pour cet été, une invitation : ne faites rien. Reposez-vous. Et constatez par vous-même. On n'a qu'une vie, la sienne, et il faut faire ses propres expériences.
Prenez soin de vous et à bientôt
Gabriel