Bonjour,
Ces temps-ci je me demande si c'est une bonne idée de faire les classes prépas.
Certes, j'en ai une vision déformée puisque j'accompagne depuis 12 ans ceux qui se trouvent en difficulté.
Ce qui me laisse perplexe, c'est l'idée que les établissements les plus prestigieux sont capables de recruter les "meilleurs élèves" de France pour leur expliquer dans les semaines qui suivent la rentrée :
" Votre place n'est pas ici "
" Vous n'avez rien à faire là "
" Il faut vous mettre au travail "
Je ne connais pas d'élève qui fait les classes prépas pour se la couler douce. Je ne connais pas d'élève qui "ne travaille pas".
Au contraire, je vois des élèves fatigués, déboussolés, désarçonnés, qui font tout ce qu'ils peuvent pour "raccrocher les wagons".
A ceux-là, chaque année, les profs disent "ils faut travailler plus".
Alors, hier, ils étaient brillants, ils ont eu 20 au bac, ils ont passé leur scolarité à associer piano, flute traversière, équitation, basket en compétition... mais là, tout à coup, ils seraient paresseux et inefficaces et il faudrait qu'ils "se mettent au travail" ?
Pour moi, les équipes éducatives - mais peut-on les appeler ainsi ? - des classes préparatoires sont les meilleures mais aussi les plus nulles de France.
Les profs experts en leur matière, n'ont semble-t'il aucune notion de psychologie de base. Sauf peut-être celle qui courrait que si on tape sur un enfant il va se tenir tranquille. Si on l'humilie il va se ressaisir pour répondre aux attentes de l'adulte.
Mais en sommes-nous encore là ?
A quoi sert un 3,5/20 quand on sait qu'un enfant ne s'épanouit que dans un environnement où il se sent serein, en sécurité et valorisé ?
Pour moi, les classes prépas ne sont possibles qu'à l'issue d'une scolarité dédiée à la notation et à la compétition. Je ne pense pas qu'un élève anglo-saxon ou allemand puisse tenir une semaine dans ce qu'on impose aux élèves français en classes prépas.
En effet, les élèves anglo-saxons sont valorisés, soutenus, accueillis dans leurs envies d'activités diverses, de centres d'intérêts variés. On peut faire 4 ans d'histoire avant de choisir une spécialité pour un métier sans être stigmatisé.
Dans l'image que j'ai des élèves allemands, ils ne supporteraient pas de se retrouver ainsi dévalorisés par un 3,5/20 alors qu'ils ont appris leur leçon, fait les exercices demandés, préparé l'évaluation.
C'est pourtant ce qui arrive à quelques élèves, chaque année, dans chaque classe de CPGE de France. Et sur 80 000 élèves en prépa, ça en fait quand même quelques milliers !
Des élèves, je le répète, brillants l'année précédente, investis dans leurs études, motivés par les métiers d'ingénieur, de management, littéraires ou qui préparent véto, agro...
Pour certains, c'est l'arrêt immédiat.
Ma belle-sœur a fait une semaine d'Hypokhâgne.
Pour d'autres c'est une année d'enfer.
Une amie a tenu un an sous les quolibets et les moqueries avant de jeter l'éponge.
Pour d'autres encore, c'est la douche froide : après un an à Sainte Geneviève ou Henri IV ils découvrent en juin qu'ils ne sont pas les bienvenus à la rentrée suivante.
C'est pour ces raisons que je m'interroge aujourd'hui sur la pertinence de faire les classes prépas. Il est désormais étudié qu'il n'est pas nécessaire de souffrir soi-même des moqueries et humiliations pour être traumatisé par les mauvais traitements. Les voir infligés à un camarade de classe peut être tout à fait traumatisant également.
Je ne reprendrai pas ici ce que j'ai observé il y a 20 ans mais je continue d'avoir des témoignages, année après année, de notes disqualifiantes, d'humiliations devant toute la classe, de remises en cause radicales des compétences, de l'intelligence, de la légitimité de l'élève à être dans la classe.
Alors je ne sais pas pour vous, mais je me demande aujourd'hui si c'est bien pertinent de laisser ses enfants aller en classes prépas. Je ne sais même pas si c'est bien pertinent de les laisser faire leur scolarité dans le système scolaire.
Pour Siefried Cey qui a créé "l'université des hauts potentiels", une chose est sûre pour les enfants hauts potentiels, "si on peut il faut les sortir de là", dit-il en parlant de l'école. Alors les classes prépas !
Je termine en reprécisant que je témoigne simplement pour ceux pour qui les classes prépas ne sont pas adaptées, que ce sont eux, et leurs parents, que j'ai au téléphone et en séance et que je ne peux manquer de préciser ici que de nombreux élèves souffrent chaque année en prépa. La souffrance n'a jamais été le gage de la réussite.
Bon été !
Gabriel
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