Les classes prépas sont souvent présentées comme un mauvais moment à passer.
Un investissement important en temps, en travail et en énergie qui est présenté comme intéressant pour accéder à des écoles prestigieuses et construire une vie professionnelle digne de ce nom.
En ces temps incertains et après les années d'une crise qui n'en finit plus, nous étions déjà tentés, à la fin des années 90 de parier sur la sécurité matérielle et financière d'une carrière d'ingénieur et les parents d'aujourd'hui continuent de pousser, comme ceux d'hier, pour des choix "raisonnables", des études sérieuses.
On continue d'envisager de "garder toutes les portes ouvertes", de pouvoir faire "tout ce qu'on veut après".
Moi le premier, j'ai poursuivi la spé après n'avoir pas aimé la sup "parce que je n'allais pas m'arrêter là". J'ai redoublé la spé en "5/2" parce que je n'avais pas fait tout ça - et souffert autant - pour finalement intégrer une école que des copains avaient rejoint après le bac.
Malheureux en école d'ingénieur et isolé sur le campus de Plouzané, loin de mes amis de prépa (Sceaux, près de Paris, et ayant intégré des écoles partout en France) comme de mes amis "d'avant" (Orléans et la Touraine) je suis allé au bout parce que je n'allais pas arrêter maintenant !
En Australie, en semestre 4 d'école d'ingénieur, j'avais même construit un "arbre de décision" pour convenir que la solution la plus cohérente était de finir l'école - j'étais pris pour une année prestigieuse et très sélective de double diplôme à Londres, au sein de l'Université mondialement reconnue "University College London" et en plus pour faire de l'aérospatial, comme je l'avais toujours souhaité - avant de faire une école de cinéma.
J'avais fait les classes prépas et envisagé le métier d'ingénieur pour ça : envoyer des fusées sur la lune. En toute modestie. Un rêve de gosse. Le Master à Londres était intitulé : Technologie spatiale et communications satellites. J'atteignais enfin les sujets qui m'avaient portés depuis la seconde pour franchir les étapes difficiles de la première S du "lycée public de centre ville" et de la terminale S avec les maths, la physique, la SVT et encore la spécialité maths.
Ces "spécialités" qui restent indispensables si on veut rejoindre les cursus MPSI ou PCSI qui ont remplacé depuis 25 ans la classe de "mathématique supérieure" qui a donné l'expression "maths sup" et qui continue depuis la réforme de 1997 à être utilisée malgré tout. On peut aussi faire MP2I (pour maths, physique, ingénierie et informatique) que j'avoue que je ne connais pas. Tout comme BCPST ou PTSI qu'il y avait également dans les lycées que j'ai fréquentés. D'autres élèves choisiront également TSI, TB ou TPC après un bac techno, il me semble.
Enfin, dans les mêmes lycées, les filières littéraires proposent la préparation à Normale Sup et des passerelles vers les écoles de commerce, renommées "écoles de management" - le commerce ne serait-il pas assez "vendeur", justement ? - que l'on prépare sinon par les prépas commerciales renommées ECG après avoir été ECS et ECE selon qu'on choisissait le plus de maths possibles ou un peu moins... mais ça créait un biais.
A niveau égal en maths, passer par ECE permettait d'avoir le concours, là où la compétition acharnée en ECS pouvait laisser sur le carreau.
Une étudiante avait ainsi réussi à basculer en ECE dans le privé après des difficultés trop grandes en ECS et avec un accompagnent en mathématiques par ailleurs, elle était aller chercher les meilleures notes aux concours des prépas qu'on appelle encore couramment "prépas HEC".
Et vous en êtes là.
Vous avez choisi les spécialités indispensables comme on vous a recommandé de le faire.
Vous avez fait vos vœux sur Parcours Sup pour les prépas les plus prestigieuses comme Louis le Grand, Sainte Geneviève et sa légendaire lettre de motivation - mais c'est désormais le cas pour tous les cursus demandés : on vous prépare à la vie professionnelle - Saint Louis ou encore Henri 4. Vous avez également demandé le lycée d'où vous êtes issu(e), Descartes à Tours, Pothier à Orléans, Clémenceau à Nantes, Chateaubriant à Rennes...
Ou vous ferez votre possible pour rester ou pour rejoindre "Le Parc" à Lyon, dont on hésite à mettre des majuscules à toutes les lettres tellement sa réputation porte loin. A moins que vous ne soyez plus portés sur les Lazaristes ou les Maristes, pour une éducation rigoureuse et exigeante.
Enfin, à Versailles, autre "choix du roi" comme on peut l'imaginer, on pourra choisir Hoche ou Grandchamp si on n'est pas pris à Sainte Geneviève pour profiter de l'internat, du parc et de la formation d'excellence issue des jésuites.
Mais même issu(e) du sérail, une prépa à Versailles ou à Paris peut vous faire perdre vos moyens. En effet, pas besoin de venir d'un village reculé de Bourgogne ou du Puy de Dôme - où j'habite désormais avec mes 4 enfants au milieu des vaches et des "prés de fauche" - pour se sentir "en décalage".
En effet, une cousine de mes amis, versaillaise et issue de l'aristocratie et des vieilles familles françaises, se demandait quand même "ce qu'elle faisait là". Alors on peut comprendre les difficultés relationnelles rencontrées par ceux qui choisissent de faire "une parisienne" sans avoir tout à fait conscience de ce qui les attend.
Dans les coachings que je peux faire chaque année, il y a les étudiants brillants du lycée français de Barcelone ou du lycée international de Luxembourg qui découvrent à leurs dépends une ambiance et une manière de s'adresser aux élèves qui n'a plus cours nulle part et qui serait inimaginable aux Etats-Unis par exemple.
Dans la plupart des pays, il ne serait pas possible d'être à la fois "l'élite de la nation" et "complètement nuls, je n'ai jamais vu ça" dans la même journée, voir dans la même heure de cours.
En prépas, j'ai mis plus de 20 ans pour comprendre que j'avais vu mes camarades de classe humilié(e)s et que j'avais moi-même subis des situations de l'ordre du "harcèlement". Nous n'avions, entre 1997 et 2000, pas les mots pour cela. Nous en étions encore aux visites de Ségolène Royale, Secrétaire d'état à l'éducation nationale qui intervenait pour limiter les bizutages dans les internats des sports études judo.
J'ai beau l'écrire et en avoir pris conscience au cours de mes écrits au fil des années, surtout en pensant à nos 2 camarades de classes filles en PSI qui entendait "Cuisse" fuser du fond de la classe quand elles essayent de poser une question, j'ai toujours du mal à penser que ce n'est pas normal.
A la fois suffisamment traumatisé pour continuer d'animer un blog 25 ans après sur le sujet mais toujours dans la croyance que "c'est comme ça" ou "ce n'est pas si terrible". Je démarrais mon article sans bien savoir où il me mènerait sur cette idée "d'un mauvais moment à passer".
Mais je ne crois pas qu'il s'agisse seulement "d'un mauvais moment à passer".
Toute la scolarité "à la française" mène à ce qui peut se passer en prépa. Il faut avoir été conditionné pendant 15 ans à "faire ce qu'on attend de nous" sans trop se poser de questions, sans remettre en cause les injonctions pénibles d'un collège ennuyeux, de journées remplies d'heures de cours, de temps "libre" passé à faire ses devoirs pour accéder aux meilleures notes et aux meilleures prépas.
Pour "jouer le jeu de la prépa", il faut ensuite être prêt à "ne faire que ça". Puis se rendre compte que ça ne suffit pas et en faire encore plus.
C'est ainsi que certains vont se coucher à 1h du matin ou faire des nuits blanches, quitte à ce que ça devienne complètement contre productif si la fatigue l'emporte sur la performance.
C'est ainsi que certains vont se couper de toute vie sociale pour travailler.
C'est ainsi que d'autres, plus souvent des filles en hypokhâgne mais pas seulement, vont arrêter de se nourrir, perdre du poids et parfois le sommeil.
Cependant, je ne peux m'empêcher de penser aussi, à chaque fois que j'écris sur ce sujet, à Vincent et à tous ceux qui font les classes prépas en dilettante. Ce n'est peut-être pas pour eux que j'écris. Leurs parents ne sont peut-être pas sur ce blog. Ou peut-être que si, mais pour trouver des solutions pour les faire se mettre au travail.
Au pire, ils n'auront pas l'école attendue. Mais ils ne se rendront pas malade comme nous avons pu le faire.
L'autre "disclaimer" (ou bémol) c'est que oui, désormais, je peux comprendre que je suis - et que j'étais - sensible et émotif. Mais à l'époque je n'en avais pas conscience. Mon frère se contentait de me rabrouer en me disant que j'avais des "états d'âme" ou que "je ne me posais trop de questions". Ce que mon prof renforcera quelques mois plus tard par ses raccourcis " Ne te pose pas de questions, bosse !".
Alors il suffirait de ne pas faire les classes prépas quand on est sensible ou émotif ?
Sensible aux mauvaises notes, aux remarques négatives des profs même si elles ne nous sont pas adressées directement, émotif en colle, en classe, aux concours. Sensible aux humiliations des copains. Submergé par le stress à la veille du DS ou au moment des oraux ?
Mais je ne crois pas que ce soit si simple. J'ai aussi toujours voulu bien faire. Faire de mon mieux. Comme nous le proposent d'ailleurs les "accords toltèques" pour mener une belle vie.
Écouter en classe, être attentif, faire ce qui est attendu, choisir allemand, latin et grec. Et même russe, arabe ou chinois en seconde par curiosité intellectuelle et soif de savoir. Première S et "voie royale" vers les études les plus prestigieuse. Ne serait-ce pas le choix de tout élève sensible et intelligent ?
Pour un métier à la hauteur de nos ambitions. Pour faire plaisir à nos parents ou à nos profs. Sous l'injonction d'un grand frère qui veut le mieux pour nous ou d'un professeur qui nous invite à prendre conscience de notre plein potentiel.
Et puis parce que les classes prépas "ce n'est pas le bagne" comme se plaisent à nous le rappeler les journalistes les responsables des CPGE (classes prépas aux grandes écoles) ou ceux de la "conférence des grandes écoles" qui sont repris dans les plus grands quotidiens français ou par le magazine l'étudiant.
Quand ce ne sont pas tout simplement des profs de prépas qui sont interrogés...
Le Monde : La vie en prépa ce n'est pas le bagne...
Le Figaro : La prépa, est-ce vraiment l'enfer ? (spoiler : non. Le sous-titre précise "Eric Cobast répond aux principales attaques faites à ce système singulier dans l'enseignement supérieur français" et l'interview commence par "L’enfer des prépas, c’est juste un mythe, ça ne veut pas dire grand-chose."
Mais ces journaux font également régulièrement des articles intéressants sur les sujets évoqués sur ce blog. Vous pouvez les retrouver dans les sections dédiées :
Le Figaro/Etudes/prepa-concours
Alors, non, comme ils disent "ce n'est pas l'enfer". Mais de ce que j'ai vu et de ce que les étudiants ou leurs familles me décrivent encore chaque année, ça peut le devenir.
On peut choisir les classes prépas pour les mauvaises raisons.
On peut choisir les classes prépas en pensant qu'on pourra "voir sur place".
On peut choisir les classes prépas mais penser qu'on pourra continuer à passer ses nuits sur les jeux vidéos et ses journées sur son téléphone.
Cette année, j'ai refusé deux coachings qui ont eu lieu quand même. Un élève en école d'informatique après le bac qui ne travaillait pas. Un élève de Stanislas qui passait son temps sur son téléphone.
Lors des premiers échanges, au bout de quelques minutes, contrarié l'étudiant s'est jeté sur son lit et s'est mis dans son téléphone alors que nous étions en visio avec sa mère également. "Je ne peux quand même pas lui enlever son téléphone" me disait elle ensuite en off.
Ce qu'elle a finit par faire en lui coupant son abonnement aux données mobiles. Nous avons convenu que ça pouvait être insuffisant s'il avait accès au wifi au sein de son établissement.
Le père du premier élève m'a également recontacté après trois échanges infructueux avec son fils : "je lui enlève son téléphone".
En voilà une bonne décision.
J'en oubliais un troisième : son ambition était de devenir pilote sans avoir à se mettre au travail. Il intégrerait une filière "cadet pilote" au sein de Cathay Pacific, par exemple, ses parents étant basé à Hong Kong et "ça se ferait tout seul". Alors qu'une école d'aéronautique à Toulouse, c'était trop de travail. Malgré les 10 710 euros de frais de scolarité engagés...
Les classes prépas, ce n'est pas le bagne, mais il va falloir travailler.
Travailler, ça ne consiste pas à pouvoir répondre aux sollicitations et notifications whatsapp, instagram, snapchat toutes les 25 secondes comme j'ai pu voir une amie de mes enfants tenter de préparer un exposé pendant tout un dimanche après-midi.
Travailler, se concentrer, mémoriser, ce n'est pas non plus possible en sautant sur TikTok ou les shorts de Youtube "pour se détendre" à la moindre occasion.
Dans quel état sont nos enfants ?
Nous avons choisi pour les nôtres, de restreindre, du mieux que nous pouvons, les écrans.
Ils ont quand même accès à Instagram quelques minutes par jour pour les plus grandes. Le fiston de 11 ans pique un téléphone ou accède à un jeu en ligne sur l'ordi dès que nous avons le dos tourné. Deux soirées "film" par semaine, parfois une seule quand nous tenons bon.
Chez les copains, ils vont passer l'après-midi à jouer aux jeux vidéos si c'est toléré chez eux.
Chez d'autres, la télévision reste allumée en continu de notre arrivée jusqu'à notre départ, rendant toute conversation d'adultes à quelques mètres difficile, et captant l'attention des enfants présents une grande partie du temps.
C'est facile de juger.
Moi aussi, j'aime bien regarder un film quand la journée se termine. J'avais arrêté avec les jeunes enfants mais j'ai du plaisir à regarder la dernière palme d'or, un film à la mode ou même un film d'action avec Jason Statham ou un vieux "Bruce Willis". J'ai toujours aimé le cinéma. J'aurais aimé en faire mon métier. Certains de mes copains "geek" passaient leur temps sur des ordis et font désormais une belle carrière dans l'informatique et c'est bien payé !
Mais par ailleurs, il y a le témoignage de ce père de famille qui s'est laissé manger par les écrans toute une partie de sa vie avant de devenir "repenti" et de mettre en garde contre la désocialisation que ça peut créer. Les nuits sur les jeux en réseau ne permettent pas toujours de conserver un emploi ou de terminer ses études.
Desmurget l'a étudié, contrairement à ce qu'on peut trouver régulièrement dans la presse, l'excès d'écrans - et nous les consommons tous à l'excès - est mauvais pour le cerveau, en particulier pour le cerveau en construction des enfants.
Convaincu, nous avons invité les parents d'un enfant de 2 ans qui ne parlait pas à :
- éteindre la télé qui fonctionnait en continu dans le salon sur une chaine musicale
- enlever le smartphone des mains de leur enfant. Oui, même s'il crie.
En quelques semaines, il reprenait un développement normal et a commencé à parler comme un enfant de son âge.
A 20 ans ou à 40 ans, 3, 4, 5 heures d'écran par jour, ça ne rend pas service.
Hyper sensible, j'ai compris très vite que je ne pourrais pas passer mes journées en openspace (trop de bruit) et devant un ordi (saturation du cerveau). Mais quand c'est devant un film ou des séquences youtube sur des sujets qui nous intéressent, il est facile d'y passer beaucoup de temps.
Dans mes coachings, j'essaie de proposer aux élèves de remplacer ces pauses "écrans" par autre chose. A l'époque, nous pouvions avoir la tentation de la télé, de l'ordinateur ou des jeux vidéos - et oui, même à l'époque des dinosaures - mais nous ne les avions pas dans notre poche.
Le programme télé n'était pas "illimité et à la demande".
En classes prépas, il va vous falloir travailler et limiter les écrans.
Travailler, c'est aussi s'organiser dans son travail et être efficace. Le plus souvent : apprendre à apprendre.
Comment mémoriser ? Sur le long terme si possible, et pas seulement pour l'interro demain.
Comprendre aussi, des notions de plus en plus abstraites si possible.
Puis lutter contre le sentiment d'inutilité.
Parce qu'on prend conscience rapidement que ce qu'on apprend est inutile.
Ce qui est proposé dans le programme scolaire des classes prépas n'a de finalité que le concours. Soyez-en averti, les machines à concours - propulsées parfois par des organismes privés qui en font "la recette du succès" - seront bien meilleures que vous si vous aimez apprendre, comprendre, "le travail bien fait".
Il est plus rapide et plus efficace d'apprendre les plans de dissert' pré-mâchés et les fiches de lecture proposées que de lire l'oeuvre d'un auteur et de s'approprier sa pensée.
Il est plus efficace et souvent rentable de connaître exactement les méthodes de résolutions des exercices les plus fréquents au concours HEC que de s'approprier la pensée et le raisonnement mathématiques.
Pour réussir mon école d'ingénieur, il a fallu me rendre à l'évidence : traiter en quelques heures les sujets des trois années précédentes permettait de réussir les examens alors que plusieurs semaines de cours en amphi et de lecture du polycopié de 80 pages de l'enseignante-chercheuse ne le permettait pas.
Les mathématiques comme moyen de sélection.
La médiocrité et la paresse intellectuelle valorisée dans les faits.
Les "boite à concours" comme il y a eu les "boites à bac".
Des dizaines d'organismes de "coaching" qui ont succédé aux milliers d'heures de cours particuliers pris depuis longtemps pour réussir.
Moi, je n'ai jamais cru à tout ça.
Mes premiers articles questionnent "le soutien scolaire en prépa" en février 2009.
Avec mon blog, le livre que j'allais écrire, mon témoignage, ce que j'avais observé, je pensais changer le monde. ou au moins les classes prépas. En 20 ans, je pense que rien n'a changé. Avec les sujets et leurs corrigés disponibles en ligne, c'est plus accessible et c'est pire. On peut trouver la réponse mais on peut aussi se laisser croire qu'on "y arrive" alors qu'on ne cherche plus rien par soi-même.
Les établissements se sont ouverts à des élèves de divers horizons voire aux élèves boursiers, mais c'est parfois pour mieux le leur faire payer tout au long de l'année "vous n'avez rien à faire ici".
Aujourd'hui, je pense que la plupart des élèves ont finalement raison de vouloir "se débrouiller par eux-mêmes".
Moi, j'ai été content de rencontrer le coaching sur mon chemin, en 2005, parce que justement, ma coach me disait pour la première fois "vous aviez la réponse à votre question en entrant dans cette pièce".
Depuis 2005, j'écoute mon intuition, je me fais confiance. Je fais ce qui est important pour moi. J'essaie de mettre de côté ce qui ne me plait pas ou ne me fait pas envie.
De plus en plus d'ingénieurs sont "démissionnaires" et comme ça semble être à la mode, une polytechnicienne "démissionnaire" passe désormais sur France Inter ou la vidéo des élèves d'AgroParisTech est vue des milliers de fois sur Youtube.
Non, pas des milliers de fois : 988 000 fois au 27 juillet 2024. On atteindra donc le million de vue dans quelques jours.
Et c'est repris sur radiofrance, le figaro étudiant, l'étudiant puis les échos pour la réponse du directeur.
Quelques fois, ça se joue à l'échelle d'une famille. Ayant vue sa sœur souffrir en classes prépas, Bérengère choisira de faire d'autres choix d'études.
A l'inverse, notre frère de 10 ans plus âgé, estimera qu'il n'a pas été assez poussé par nos parents pour faire de bonnes études, que la vie professionnelle est difficile et qu'il faut faire première S et classes prépas. Il parlera des études littéraires de notre sœur : "tes études de merde".
Albane, prise en grippe par son professeur principal pour son nom de famille aristocratique, aura vécu du harcèlement en classes prépas. Ça ne s'appelait pas encore comme ça, mais elle subissait des remarques à chaque cours d'un professeur de français qu'elle avait au moins une fois pas jour puisqu'il enseignait les lettres et le latin à sa classe d'hypokhâgne.
A l'inverse, quand j'ai évoqué mon projet d'écrire un livre sur les classes prépas, ce que m'a envoyé mon amie Candice, auteure, c'est un texte de reconnaissance et de gratitude pour les professeurs qui l'ont nourrie et qu'elle a aimés.
Nolwenn, qui a obtenu Télécom Bretagne en deux ans de prépa à Rennes, ne comprenait pas non plus de quoi je parlais quand j'essayais de partager la souffrance que j'avais ressenti en classes prépas.
Le plus souvent, le discours qui est proposé, c'est que les classes prépas, c'est bien mais que certains élèves "ne sont pas fait pour ça". Ce ne sont pas les classes prépas qui ne seraient pas adaptées aux élèves sensibles et émotifs, par exemple, mais les élèves "trop" sensibles" ou "trop" émotifs" qui ne seraient pas assez "forts" pour y arriver.
Souvent dans une logique guerrière, d'efforts, de persévérance, de courage, de ténacité.
Et c'est le cas.
Mais ce que j'aimerais partager, c'est que souvent, les classes prépas ne sont pas le meilleur endroit pour développer ses talents.
Vouloir tout faire, le plus vite possible, le plus efficacement possible, le plus méthodiquement possible et surtout, en vue d'une évaluation extérieure ou d'un concours, ce n'est pas la meilleure manière de s'approprier un sujet, de comprendre une notion, de creuser des centres d'intérêts et de construire des compétences pour un métier.
Au contraire, il me semble que les matières de MPSI, ensuite, je n'ai plus eu envie d'en entendre parler pendant un long moment. Quant à continuer à travailler et à faire des efforts en école : pas question. On nous avait assuré que ce serait le "paradis".
Je pense qu'on peut mesurer la satisfaction des élèves aux très hauts taux d'alcoolémie et d'addiction qui se développent sur les campus. Alcool. Nuits passés sur les jeux vidéos. Drogues.
Certains élèves se retrouvent dans des situations de redoublement alors qu'un an avant ils réussissaient les concours les plus prestigieux !
Pour préparer au mieux votre rentrée, j'avais écrit des articles les étés précédents :
Comment préparer sa rentrée en Classes Prépas ?
Faut-il travailler cet été ?
Gabriel,
Auteur du blog Coaching Classes Prépas depuis 2009
Pour prendre rendez-vous pour un coaching : 06 33 85 53 27. Les premiers échanges sont gratuits pour clarifier votre demande et vous faire une proposition d'accompagnement.
Crédits : Photo de Sean Oulashin sur Unsplash