mardi 5 novembre 2013

Le mois de novembre est une période difficile

En prépa comme ailleurs, le mois de novembre est une période difficile. Les premières semaines sont passées, les illusions s'estompent, le soleil se cache.

Dès l'année de terminale, notre professeur de latin - et oui, ça existait encore, même en terminale S - nous l'annonçait :

Vous voulez tous faire "prépa" mais vous verrez, l'année prochaine, en novembre, quand vous travaillerez dans votre petite chambre et qu'il pleuvra à la fenêtre...
Ca n'a pas manqué, l'année suivante - et 16 ans plus tard - je repense à lui au mois de novembre.

Nous ne mesurons pas l'effort que nous consentons du haut de nos 18, 19, 20 ans quand nous décidons de consacrer toutes nos forces aux classes prépas.

De mon côté, le calcul était simple :

Si c'est dur, c'est que c'est bien.
 Depuis, j'ai découvert que ça correspondait à un "driver" dans le jargon des psy et des coachs :

Fais des efforts !
Je dois dire qu'après mon expérience des classes prépas puis de l'école d'ingénieurs, je n'y crois plus. C'est un peu comme une remise en cause d'une approche judéo-chrétienne des choses : "le paradis, c'est pour plus tard".

Ça correspondait également à notre sujet de français ou "lettres" en maths spé 3/2 : le présent comme seul "temps" qui existe, puisque le passé n'est plus et que le futur n'est pas encore. Avec une approche par Bergson : il n'existe que le présent, le présent du passé et le présent du futur. C'est-à-dire que c'est du passé réactualisé dans le présent ou du futur imaginé dans le présent.

L'éclairage de Camus s'imposait également pour ne penser la vie que dans le présent, le bonheur que dans le présent.

Le driver "Fais des efforts !" correspond souvent à la promesse qu'on en récoltera les fruits. A plus ou moins long terme, on peut perdre de vue l'objectif et les résultats pour privilégier l'effort comme valeur en elle-même.

On retrouve cette approche - ou cet éclairage - dans les bulletins de certains élèves laborieux : il/elle n'a pas les résultats attendus, mais "c'est bien" : il/elle travaille régulièrement. Est-il pertinent, à un moment, de s'interroger sur les méthodes employées ?

En prépa, c'est encore plus "criant". Travaillez beaucoup et longtemps vos points faibles et vous verrez : vos notes ne monteront pas. Bientôt, vous serez fatigués, voire découragés.

L'image que je prends à ce sujet est celui des champions de tennis.

  1. Vous viendrait-il à l'idée de demander à un champion de tennis de bosser son basket ? 
  2. Un champion de tennis qui a un excellent coup droit continue à travailler son coup droit parce que c'est ce qui lui permet de faire la différence et de gagner le match. 
1. En prépa, c'est un peu comme si on vous demandait de bosser votre basket, quand vous êtes un matheux "pur", c'est-à-dire excellent en sciences et sacrément mauvais en français et en langues, de monter votre niveau dans ces matières.

A très haut niveau, ça peut se justifier, parce que les notes de maths seront parmi les meilleures et que l'athlète "complet" remportera le triathlon alors que le spécialiste se contentera de sa discipline.

2. Par contre, dans la plupart des prépas, le niveau peut tellement être amélioré dans toutes les matières abordées, qu'il pourrait être pertinent d'aller décrocher un 18 dans une matière que de viser entre 6 et 8 dans toutes les matières, au prix d'efforts intenses - on y revient - sur les matières que l'on n'aime pas.

Le résultat est bien souvent découragement et abandon alors qu'il aurait été possible de se consacrer principalement aux matières que l'on aime pour se sentir bien. Etonnament, quand on se sent bien, les notes montent dans toutes les matières.


Bon, en ce qui me concerne, c'était bien pire que ça. Les matières que je bossais sans effort - c'est-à-dire, sans même avoir l'impression de travailler - c'était :
  • l'histoire : je me suis contenté d'écouter attentivement toute l'année de terminale quand j'ai vu que j'avais 15 au bac blanc sans avoir révisé. J'ai eu 15 au bac. 
  • la "SVT" - si ça s'appelle toujours comme ça - ou la biologie : ma soeur m'avait dit, "la bio, c'est simple, tu apprends par coeur". J'ai eu entre 16 et 18 toute l'année et 18 au bac. 
  • la philo : j'étais passionné par l'ensemble des sujets abordés. Ça m'a plu depuis le ciné-club en seconde animé par une enseignante de philo : La nuit de San Lorenzo des frères Taviani. Visconti. Huis-Clos de Sartre. Citizen Kane... Sur les dissert' de Terminale, je passais mes week-ends à me creuser la tête. Avant de me coucher, à un moment, je tenais mon plan. J'avais 14 et mon prof mettait "excellent" sur mes copies. J'ai continué à lire "La psychopathologie de la vie quotidienne" de Freud entre deux cours de maths de sup. Et à aller voir les films de Fassbinder ou Peer Gynt au théâtre d'Orléans les veilles de certains de mes DS "où je n'en pouvais plus".
  •  Ce que je n'allais même pas mentionner, ce sont les langues. J'ai fait allemand première langue avec difficulté (12 ans d'allemand !) et j'ai adoré l'anglais. Allemagne, Irlande, Etats-Unis, tous mes voyages ont été des coups de coeur. J'ai choisi Télécom Bretagne pour son ouverture sur l'international et je suis parti six mois en Australie puis un an à Londres. 
Le nouveau métier que j'aime, c'est le coaching. C'est facile, ça me plait. Je n'ai pas l'impression de travailler. Du coup, j'ai quand même repris un poste de "Chef de projet" à la formation continue de l'école des Ponts ParisTech. Comme ça, je retrouve mes vieux réflexes : je travaille ce qui est difficile pour moi :
  • Mettre un costume
  • Faire ce qu'on me dit
  • Faire preuve de diplomatie / politique d'entreprise
  • Assurer des démarches commerciales
  • Assurer le suivi administratif / budgétaire de l'activité
 Ce que j'aime et là où j'ai du talent :
  • l'écoute
  • la compréhension des enjeux et des difficultés rencontrées
  • l'accompagnement pour trouver des solutions adaptées à partir de ce qui est présenté
  • l'aide à la mise en action des solutions envisagées
puis on recommence :
  • l'analyse fine de ce qui bloque
  • des leviers pour articuler les solutions et les petites actions "faciles à faire"
  • mieux comprendre ce que l'on veut vraiment
  • trouver du sens à "tout ça"
  • oser

Heureusement, je le fais en entreprise, mais plutôt de façon officieuse ou non déclarée. Je le fais "en douce". Je le fais également avec vous quand vous en avez besoin.

Pour les mois qui viennent, je propose de réfléchir à des ateliers qui peuvent vous aider. Je pense aussi à des conférences qui pourraient aider vos parent à mieux vivre cette période et à mieux vous accompagner dans ce que vous vivez.

Mais au fait, c'est quoi, le plus difficile pour vous, ces jours-ci ?

A bientôt,

Gabriel Brabant
06 33 85 53 27