jeudi 13 janvier 2022

Se débrouiller tout seul ! (2)


Bonjour, 

En réponse à l'article d'hier, sur le besoin de faire les choses par soi-même, de se "débrouiller tout seul", le livre de John Holt "Les apprentissages autonomes" me conforte dès les premières pages sur l'envie et le besoins de pouvoir "faire tout seul".

Même quand les enfants atteignent l'âge auquel ils commencent parfois, à apprendre consciemment et délibérément quelque chose qu'ils veulent apprendre, il ne s'en suit pas qu'il souhaitent toujours recevoir une explication. Un enfant bien portant préférera presque toujours comprendre les choses par lui-même. Il y a peu, un enseignant brillant a résumé admirablement ce phénomène : "Lorsqu'on souffle une solution à celui qui cherche, ça le met en rage !"

Je me suis alors demandé comment le coaching pouvait quand même être apprécié par ceux qui en font l'expérience. 

La réponse que j'imagine : toutes les fois où je le peux, je ne formule pas de réponses à vos questions. Je les écoute, je les reformule et d'une manière ou d'une autre, je vous les retourne : 

  • Qu'est-ce que VOUS auriez envie de faire ?

Pour la gestion du stress et les questions que vous pouvez vous posez, nous convenons qu'il faut les remplacer par des pensées qui vous rassurent, qui vous redonnent confiance en vous et en vos capacités. Je ne vous dis pas ce que vous devez penser, je vous interroge à nouveau. 

  • Qu'est-ce que vous vous dites quand tout va bien?
  • Qu'est-ce que vous vous dites dans les matières où ça se passe bien ?

 

Ces réflexions de John Holt expliquent aussi pourquoi il est si facile de se décourager en prépa : en ce qui me concerne, les informations/explications/apprentissages allaient bien au-delà du niveau d'information qui pouvait m'intéresser. 

A l'inverse, la philosophie, l'année précédente, répondait enfin à plein de questions que je me posais. 

John Holt parle d'apprentissage non sollicité : 

Nous pouvons aussi aider les enfants en répondant à leurs questions. Toutefois, nous, les adultes, devons faire attention sur ce point car nous avons tendance, quand un enfant nous pose une question, à en faire trop. "Ah ah ! pensons-nous, voilà une occasion de lui apprendre quelque chose" et on se retrouve en train de prononcer un discours d'un quart d'heure en guise de réponse.

 Et un peu plus loin :

A chaque fois que, sans y avoir été invité, sans qu'on vous l'ait vraiment demandé, nous essayons d'apprendre quelque chose à quelqu'un d'autre, à chaque fois, nous communiquons un double message :

- "Je vous enseigne quelque chose d'important, mais vous n'êtes pas assez intelligent pour voir à quel point c'est important. Si je ne vous l'avais pas appris, vous ne vous seriez probablement jamais donné la peine de vous renseigner"

- "Ce que je vous enseigne est si difficile que, si je ne vous l'enseigne pas, vous ne serez pas capable de l'apprendre"

Ce double message de manque de confiance et de mépris est clairement compris pas les enfants, parce qu'ils excellent à recevoir les messages émotionnels. Cela les rend furieux.

(...) Nous devons réfréner cette impulsion, cette habitude, ce besoin d'expliquer les choses à tout le monde... à moins qu'on nous l'ait demandé.

 

Pour appuyer ce passage, je voudrais vous partager les éléments suivants : 

Notre prof de maths de sup nous a expliqué que "tout ce que nous avions fait jusque là, ce n'était pas des maths". 

Les enseignements allaient beaucoup trop loin sur la plupart des sujets, mais surtout, ne répondaient à aucune question ! La plupart des enseignements devaient avoir assez de valeur en eux-mêmes pour justifier leur apprentissage. 

Illustration : Même le saut de l'électron dans la jonction P-N qui constitue l'élément de base du transistor en première année d'école d'ingénieur.  Il nous a fallu suivre 10 cours de 4h en amphi pour la beauté des sciences avant que l'explication de l'utilité ou du sens soit présenté, en fin de parcours...

Les enseignements de maths et physique fondamentales ne sont jamais repris dans le cursus de l'école d'ingénieur. A aucun moment il ne semblerait pertinent ou utile, que les enseignements exigés pour présenter les concours le soient parce qu'ils constituent les fondations des apprentissages à suivre. Non, il s'agit bien de l'utilisation de la "connaissance" comme d'un outil de sélection des étudiant(e)s sans autre lien qu'une "culture générale scientifique" pensée comme "indispensable".

 

Deux éléments ressortent de ces enjeux : 

1) Autant que possible, apprenez tous ces sujets pour vous-mêmes : continuez vos recherches sur les sujets qui vous intéressent, pour vous les approprier, vous y intéresser et rester passionné(e)s. Sinon, le danger c'est d'être rapidement "gavé" au deux sens du terme : trop d'informations, et saturation de l'obligation de les apprendre, non plus parce que ça vous intéresse ou que ça constitue le socle de votre formation, mais pour atteindre le niveau exigé au concours. 

2) Garder le plaisir et la satisfaction de trouver par vous-même les solutions aux enjeux que vous rencontrez : ne serait-ce qu'en parcourant les articles de ce blog, d'autres sources, d'autres apports. Sachez que l'accompagnement d'un Coach qui fait bien son boulot au sens du coaching professionnel vous accompagnera dans votre réflexion, sans interférer dans les décisions que VOUS prenez, pour VOUS-MEME. 

 

Finalement, ça me conforte dans le goût que j'ai de ce métier. Cette attirance que j'ai ressentie en 2005 en vivant moi-même un coaching et en ayant en face de moi cette professionnelle qui me renvoyait  à moi-même : "Vous me posez la question, mais en entrant dans la pièce, votre décision était déjà prise". 

 

Bon courage !

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