jeudi 13 septembre 2018

Perte de valorisation

Crédit Photo : Aaron Burden


Bonjour, 

J'ai décidé de vous parler ce matin de ce qui peut être le plus douloureux en prépas. 

Il me semble que c'est ce que j'ai décidé d'appeler la "perte de valorisation". 
 
Je l'avais presque oublié mais le plus dur, c'est de passer d'un statut d'élève reconnu pour ses mérites scolaires par les profs, les parents, la famille et la société en général à une situation de difficulté, d'échec, ou simplement de notes basses, puisque c'est la règle en prépa. 

Situation A - Réussite au lycée

Elève qui réussit à l'école
Notes hautes
Valorisation par les professeurs, les parents, la famille, l'institution scolaire, la société
Qualités imaginées ou reconnues : 
  • intelligent
  • travailleur
  • persévérant
et pourquoi pas : 
  • courageux
  • honnète
  • bonnes qualités relationnelles
  • bonne gestion du stress / des examens
Les perspectives sont évidentes et positives : il/elle fera de bonnes études, obtiendra son diplôme et aura un métier intéressant et bien rémunéré. 

Direction : les classes prépas - médecine - sciences po...


Situation B - Les classes prépas

Elève qui travaille du mieux possible en prépa
Notes basses - de toutes façons, puisque la MOYENNE de 40 élèves qui sont d'anciens premiers de la classe est de 8,5 / 20.
Ce qui signifie que près de 20 élèves sur les 40 de la classe étaient de bons élèves l'année dernière - ils ont choisi les classes prépas - et ont aujourd'hui une note entre 2 et 8,5 sur 20 !

### Point de vigilance pour les puristes :
J'écris bien "près de 20 élèves" parce que la moyenne n'est pas la médiane. La médiane nous assurerait qu'autant d'élèves sont en dessous qu'au-dessus. La moyenne, pas du tout. ###

Il ne s'agit donc pas d'une exception mais de la grande majorité des élèves. 
Seuls 10 élèves par classes sont dans les 10 premiers et on une note au-dessus de 10 !

Reprenons donc la description de la situation d'une grande partie des élèves (au moins dans leur ressenti personnel, en tout cas !)

Situation B - Les classes prépas

Elève qui travaille du mieux possible en prépa
Notes basses
Parents qui ne comprennent pas ce qui arrive à leur fils/fille
Profs qui critiquent parfois toute la journée : "Vous ne travaillez pas assez"
Copies de devoirs et notes de colles toutes les semaines jusqu'à 6 ou 10 points en dessous de ce dont ils avaient l'habitude l'année précédente - les 16/20 de leur mention très bien mais maintenant aussi des notes aussi hautes que 20/20 en maths sur leur copie de bac !

"Qualités" imaginées ou reconnues par ces notes basses et ces critiques : 
  • pas intelligent
  • finalement pas aussi doué/douée que ce qu'ils pensaient
  • finalement peut-être pas si travailleur que ce qu'ils pensaient
avec les "qualités" qui vont avec :  
  • paresseux
  • glandeur
  • pas persévérant
  • pas courageux
  • manque de ténacité
  • pas organisé
  • stressé
  • mauvaise résistance au stress des examens
  • colérique / agressif avec ses proches 
  • refermé sur lui-même / mauvais relationnel
### je laisse tous ces adjectifs au masculin, les filles ne sont pas concernées, évidemment, elles sont courageuses, persévérantes, tenaces, organisées, ouvertes sur le monde - désolé pour les adeptes de l'écriture inclusive ###

Les perspectives se referment. Les grands projets deviennent sources d'inquiétude : Vais-je pouvoir intégrer Centrale comme je le souhaitais ? Vais-je réussir à devenir Véto ou Médecin si je n'arrive pas à surmonter ces premières difficultés ?

Le doute pointe : "Suis-je fais pour les classes prépas ?"

Puis se met en place ce que j'appelle le cercle vicieux du doute et de l'échec ou des difficultés.

Le cercle vicieux du doute

Quand les résultats ne sont pas à la hauteur de l'engagement et du travail fourni, il est facile de se mettre à douter de soi et de ses méthodes de travail. 

On imagine alors qu'il faut travailler autrement, apprendre autrement, dormir moins. 

L'élève en difficulté va imaginer qu'il faut faire comme le voisin de classe qui réussit. Il a surement "une formule magique". 

Des bouquins mieux rédigés que le cours pour comprendre ?
Des bouquins d'exercices pour trouver les solutions aux exercices qu'il faudrait chercher ?
Des vitamines ?
Du café ?
Des médicaments pour booster la mémoire ?
Du guronsan pour ne plus avoir besoin de dormir ?
Des stages à la Toussaint ?
Un prof de physique le week-end ?
Un coach de maths en sessions de groupe par internet le samedi après-midi ?

Si c'était possible, des amphétamines et des méta-anabolisants pour gagner le Tour de France !

Le cercle vertueux de la confiance

Au contraire, la seule solution, c'est de se faire confiance. 
La seule manière que l'on a d'apprendre, de comprendre, de travailler, c'est la nôtre. 

Personne ne peut savoir pour vous comment vous allez comprendre une notion de mathématique avant de la retenir. Personne ne peut savoir pour vous les connexions qui vont se mettre en place pour que vous puissiez résoudre un exercice de maths ou de physique. 

Pour construire votre raisonnement pour traiter une problématique en dissertation, vous serez obligé de vous faire confiance, de collecter des données et des informations sur le sujet qui vous intéresse, de laisser murir le temps nécessaire avant de rédiger votre analyse du sujet. 

Vous faire confiance, c'est également 
  • respecter vos besoins de sommeil
  • savoir si vous êtes plutôt auditif, visuel ou kinésthésique pour mémoriser
  • faire les pauses dont vous avez besoin
  • privilégier vos points forts
  • vous entourer des personnes qui vous font du bien
  • travailler à votre manière
Et puis comme souvent, si vous construisez et consolidez votre confiance intérieure, ça vous aidera à laisser glisser les remarques négatives extérieures, les inquiétudes de l'entourage ou les mauvaises notes. 

Ça vous aidera à relativiser et à savoir que quels que soient les chemins que vous emprunterez, si vous voulez construire votre projet professionnel vers un métier ou un secteur d'activité, vous y parviendrez.

Vous saurez que les grands gagnants des classes prépas ne sont ni les plus intelligents, ni les plus sympas, à quelques exceptions près pour le plaisir de brouiller les pistes...


2 commentaires:

  1. Merci, (bon je suis une fille donc je me reconnais également là dedans;) peut-etre même d'autant plus car on est vraiment très peu de filles en prépa donc l'entraide, la solidarité que l'on peut généralement ressentir entre filles me manque. Ca fait plaisir d'entendre tt ça, et que la clef pour réussir est déjà en nous ... :)

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  2. Merci beaucoup !
    (pardon pour le publication tardive, votre commentaire était en attente de modération et je n'ai pas eu d'alerte... )

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